"L’héritage pris en otage"
Edwy Plenel, que nous avions sollicité à la publication de cette tribune mais qui n'avait alors pas souhaité réagir, estime que la précédente tribune qui critiquait notamment l'ouvrage publié par Mediapart dans la perpective du référendum du 4 octobre est "une manoeuvre inélégante".Cette tribune à charge prend indûment en otage l’héritage de Jean-Marie Tjibaou, dont la hauteur de vue a permis ce processus pacifique d’autodétermination, au point de le payer de sa vie, en 1989. L’écho rencontré par ce texte qui nous caricature tient en effet à la présence, parmi ses quatre signataires, d’Emmanuel Tjibaou, l’un des fils du leader indépendantiste kanak, devenu une figure notable de la vie culturelle sur place.
Or ce dernier a tenu à nous faire savoir solennellement qu’il se désolidarisait de cette tribune « qui instrumentalise [son] nom en le portant caution d’un point de vue sur la question coloniale en Nouvelle-Calédonie qu’[il] ne [défendra] jamais ». « Je suis découragé d’avoir été si naïf et en colère contre moi-même », nous écrit-il. Relisant ce texte, il « [se rend] compte que chaque mot est une lame qui se dresse à la gorge des compagnons d’âmes de [son] père ».
"confusionnisme"
Dans sa tribune, Edwy Plenel dénonce encore les "maladresses et incohérences" des auteurs du texte du 16 septembre, estimant qu'ils font preuve d'un "confusionnisme qui fait semblant de renvoyer dos à dos indépendantistes et loyalistes afin, en vérité, de maintenir le statu quo."Décolonisation sans violence
A travers le référendum calédonien, selon Edwy Plenel, c'est la question de l'héritage colonial de la France qui est en cause. "En évoquant une indépendance en relation, dans la reconnaissance d’une histoire partagée, nous défendons et promouvons l’esprit même de l’accord de Nouméa de 1998", estime Edwy Plenel, qui poursuit : "Notre pays restera à la merci des idéologies de l’inégalité (des races, des peuples, des cultures, des civilisations, des religions) et des perditions politiques, racistes et impérialistes qu’elles ont enfantées, tant qu’il n’aura pas dénoué la question coloniale."On ne tourne pas une page sans l’avoir lue jusqu’au bout. On ne congédie pas un passé sans l’avoir regardé en face. On ne met pas fin à un legs d’injustice, de conquête et de violence, sans rompre clairement avec les passions tristes de domination et d’appropriation qui l’ont enfanté.
La réaction de Jenny Briffa
La journaliste et autrice Jenny Briffa, l'une des quatre signataires de la tribune du 16 septembre, réagit à la réponse d'Edwy Plenel via Twitter.
La réponse d'E.Plenel à notre tribune. Sur le fond, il interprète par des raccourcis et superpositions d'idées nos propos leur donnant un sens qui n'est pas le nôtre. Chacun se fera son opinion en comparant nos textes. https://t.co/mQhHH2k2As via @lemondefr
— Jenny Briffa (@BriffaJenny) October 1, 2020
je sais simplement que tt au long du "processus" de publication de notre tribune et jsq'à aujrd'hui, ns avons été d'une honnêteté absolue et d'une grande bienveillance les uns avec les autres, rendant hommage à notre devise et à nos liens. Terre de paroles, terre de partage.
— Jenny Briffa (@BriffaJenny) October 1, 2020