Demande de non-lieu dans l'affaire du Chlordécone : Marcellin Nadeau dénonce "un scandale judiciaire"

Marcellin Nadeau, député de la Martinique à l'Assemblée nationale
Le député de Martinique est revenu sur le non-lieu requis par le parquet de Paris dans l'affaire du chlordécone. En réponse, le ministre délégué aux Outre-mer a souligné l'indépendance de la Justice et a défendu le bilan du gouvernement.

Le député de la 2e circonscription de Martinique, Marcellin Nadeau, a évoqué la pollution au chlordécone lors des questions au gouvernement du mardi 6 décembre, et le non-lieu préconisé par le parquet de Paris le 24 novembre dernier.

"Force est de constater qu'il s'agit aussi et désormais d'un scandale judiciaire", a tonné le député Nupes, rappelant que le 24 novembre dernier, le parquet de Paris a requis un non-lieu après 16 ans d'enquête sur ce pesticide qui empoisonne les Antilles. Alors que le chlordécone a été interdit en France en 1990, l'État français, pourtant conscient des risques, a accordé une dérogation de plusieurs années aux producteurs de bananes antillais, victimes du charançon.

Le ministère public, donc le gouvernement, préconise le silence et l'impunité.

Marcellin Nadeau, député de Martinique.

"La boucle est donc bouclée. La justice ne peut condamner l'État, et l'État demande à la justice d'absoudre les divers responsables de ce crime d'empoisonnement", estime le député, qui dénonce le "mépris" à l'égard "des peuples empoisonnés de Martinique et de Guadeloupe".

Mépris ou justice indépendante ?

"Il ne s'agit pas d'une décision de justice définitive, mais d'un réquisitoire d'un procureur de la République", a corrigé en réponse le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, avant d'insister sur l'indépendance de la Justice. "Arrêtons les polémiques inutiles", a-t-il ajouté.

Ce gouvernement ne commande pas les positions de la justice et nous respectons l'indépendance de la justice.

Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer

De la reconnaissance du cancer de la prostate comme maladie professionnelle aux analyses gratuites du taux de chlordécone dans le sang des populations, en passant par les tests de contamination des sols, le ministre est revenu sur les avancées du dossier depuis l'élection d'Emmanuel Macron, premier président à avoir reconnu la responsabilité de l'État dans la pollution au chlordécone. 

Un colloque scientifique dédié au chlordécone se tiendra la semaine prochaine en Guadeloupe et en Martinique.