Des indépendantistes ultramarins créent un "front de libération" lors d'un congrès en Azerbaïdjan

Le congrès des colonies françaises en Azerbaïdjan, le 17 et 18 juillet.
Réunis en Azerbaïdjan par le Groupe d'initiative de Bakou, plusieurs représentants de mouvements indépendantistes ultramarins ont formé le Front international de libération des colonies françaises. Ils prônent l'indépendance vis-à-vis de la France et critiquent "la politique raciste et les répressions" supposées de l'État.

Des représentants de formations indépendantistes françaises se sont accordés jeudi sur la création d'un "front de libération" commun lors d'un congrès organisé en Azerbaïdjan, en pleine tension entre Paris et ce pays du Caucase.

"Les dirigeants des partis se sont entendus pour créer le Front international de libération des colonies françaises", a indiqué le Baku Initiative Group (BIG), une organisation promue par l'État azerbaïdjanais ayant soutenu ce congrès.

"Le programme futur du Front sera d'unir les efforts des colonies dans leur processus de décolonisation", a ajouté le BIG, précisant que les représentants avaient dénoncé dans une déclaration commune "la politique raciste et les répressions" supposées de l'État français.

L'ingérence de l'Azerbaïdjan

Ce "Congrès des Colonies françaises", tenu sur deux jours à Bakou, la capitale azerbaïdjanaise, était organisé officiellement par l'Union populaire pour la libération de la Guadeloupe, avec le soutien du BIG. Mercredi, au début de la réunion, l'organisation a annoncé le lancement d'une bourse pour inciter les étudiants ultramarins à venir étudier en Azerbaïdjan.

Selon ses organisateurs, le congrès a réuni des représentants d'une vingtaine de partis et mouvements indépendantistes, venus notamment de Corse, de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française, de Guadeloupe et de Martinique (Caraïbes).

Des représentants de Saint-Martin et de l'île de Bonaire, deux territoires néerlandais de la mer des Caraïbes, étaient présents en tant qu'invités d'honneur, toujours selon les organisateurs.

Bakou reproche à la France d'être une alliée majeure de l'Arménie, qui a soutenu pendant trois décennies des séparatistes dans la région disputée du Haut-Karabakh, finalement reconquise entièrement par l'armée azerbaïdjanaise en septembre 2023.

Paris, pour sa part, a accusé Bakou de chercher à s'ingérer dans sa politique intérieure, en particulier lors de la crise en Nouvelle-Calédonie, territoire français secoué depuis mai par un mouvement de révolte meurtrier.

La participation d'élus calédoniens au congrès de Bakou a suscité de vives critiques de la part des partis non indépendantistes en Nouvelle-Calédonie. Le député calédonien Nicolas Metzdorf a notamment saisi la procureure de la République de Paris, invoquant des faits supposés de "trahison".

Avant le début des violences en mai, un mémorandum de coopération avait été signé le 18 avril entre le Parlement azerbaïdjanais et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie. L'été dernier, une autre conférence organisée à Bakou avait convié des militants de Martinique, de Guyane française, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie.