REPLAY. Hommage aux victimes de l'esclavage : pourquoi ériger à Paris un mémorial national dédié aux victimes de l'esclavage ?

Lors de la fête de la fraternité Limyè ba Yo, ce 23 mai 23, s’est tenue une conférence consacrée à la question du mémorial national dédié aux victimes de l'esclavage. Le projet est en cours et suscite le débat. Historiens et représentants d'associations mémorielles échangent sur la signification d'un tel monument à Paris. Retrouvez ici la table ronde dans son intégralité.

Ce projet de mémorial, porté par le CM98, le Comité marche du 23 mai 1998 et de nombreuses associations mémorielles, a été annoncé par François Hollande en 2016. Emmanuel Macron a affirmé que la réalisation de ce lieu de mémoire "pour honorer la dignité et l'humanité des victimes de l'esclavage demeure une priorité" dans une lettre adressée en 2021 à Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.

Le lieu est défini, le mémorial doit être érigé au Jardin des Tuileries, en plein cœur de Paris. La symbolique est forte : la Convention siégeait aux Tuileries et c'est là que les députés ont aboli l'esclavage une première fois, le 4 février 1794.

Plusieurs désaccords

Mais des désaccords sont apparus au fil du temps sur l'espace dédié au mémorial et sur le respect du cahier des charges initial. Le choix de l'artiste et de l'œuvre n'est toujours pas arrêté.

Le CM98 et les associations se battent sans relâche pour que les noms des 200 000 esclaves affranchis en 1848 soient gravés dans l'œuvre mémorielle. Il s’agit de 87 500 esclaves affranchis en Guadeloupe, 74 000 en Martinique, 63 000 à La Réunion et 13 500 en Guyane. La collecte des patronymes des aïeux affranchis représente des années de recherches.

... L'installation d’une œuvre d’art en hommage aux victimes de l’esclavage au sein du Jardin des Tuileries, sur lequel seront gravés de manière permanente, les noms et prénoms des quelque 200 000 esclaves affranchis en Guadeloupe, en Guyane, à la Martinique et à la Réunion par le décret d’abolition du 27 Avril 1848. [...] C’est, pour nous, l’aboutissement d’un long combat pour la reconnaissance de l’humanité et de la dignité de millions de femmes et d’hommes, nos aïeux, qui vécurent la traite et l’esclavage colonial, aujourd’hui reconnus par la loi en tant que "crimes contre l’humanité".

Emmanuel Gordien

CM98, communiqué de presse

Participants à la table ronde 

  • Bruno Maillard, docteur en histoire, chargé de cours à l'Université de Créteil, chercheur associé au CRESOI, Université de la Réunion.

  • Bernard Michon, maître de conférences en histoire à l'Université de Nantes.

  • Dieudonné Boutrin, président de l'association la coque nomade

  • Bernadette Rossignol, présidente de l'association Généalogie et histoire de la Caraïbe

  • Frédéric Régent, maître de conférences et directeur de recherche à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, conseiller scientifique du projet de Mémorial

  • Philippe Pichot, chef de projet de la Route des abolitions

  • Emmanuel Gordien, président du Comité marche du 23 mai 1998.

Réalisation et production : Pôle Outre-mer de France Télévisions avec Puzzle Média

Durée 95 minutes - © 2023