Education et jeunesse, axes prioritaires de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage

Formations pour les enseignants, musée virtuel, voyages mémoriels... La Fondation pour la mémoire de l'esclavage, fraîchement créée, a donné jeudi sa feuille de route axée sur le "travail éducatif" à destination des jeunes et la "connaissance" d'une histoire "pas toujours assumée".
Née en novembre pour succéder au Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, la Fondation organise le mardi 4 février son premier événement au musée du Louvre, où sera lancé le premier timbre de La Poste à l'effigie d'une esclave, "Madeleine".

"Notre mission, c'est de faire un travail éducatif, faire partager la connaissance de l'histoire de la France avec la traite, l'esclavage, la colonisation", a expliqué l'ex-Premier ministre et président de la Fondation Jean-Marc Ayrault, pour qui cette "histoire n'est pas toujours assumée".
 
La création de la structure dotée d'un budget de 2,2 millions d'euros annuels est "importante", a souligné l'ancien chef du gouvernement auprès de quelques journalistes, "car une connaissance précise de notre histoire" permettra d'avoir "une mémoire partagée qui intègre", loin des "instrumentalisations".
 

Priorité à la jeunesse

La Fondation, à moitié financée par l'État, sera logée à l'Hôtel de la Marine, place de la Concorde, où l'abolition de l'esclavage fut décrétée le 27 avril 1848 par Victor Schoelcher. Elle doit en priorité "s'adresser à la jeunesse" car "c'est là que l'attente et les besoins sont les plus forts", en particulier dans les quartiers populaires, a poursuivi l'ancien maire de Nantes (1989-2012). 
 
Pour s'adresser à cette jeunesse, la structure prévoit d'"offrir des voyages mémoriels" ou encore de créer un "musée virtuel". Elle prépare également "des sessions de formation" et des "kits pédagogiques" pour les enseignants, "souvent démunis" face à une histoire insuffisamment présente dans les livres d'histoire, souligne Nadia Wainstain, responsable du pôle éducation de la Fondation. En classe de Première, déplore-t-elle par exemple, "l'abolition de l'esclavage, c'est une ligne" : "Il faut proposer des moyens d'exploiter davantage cette histoire".
 

"Infuser" à la société

A défaut de moyens conséquents, la Fondation mise sur "une stratégie d'infusion, pour que le sujet soit dans toute la société", résume la directrice Dominique Taffin.

L'institution, reprend Jean-Marc Ayrault, se propose également de surveiller "ce qui sera produit dans l'audiovisuel". Il a pris l'exemple des "inepties" prononcées par la chroniqueuse Christine Angot qui en juin dernier avait comparé à la télévision la traite négrière et la Shoah, estimant que "les traumatismes" et "les souffrances infligées aux peuples" ne sont pas "les mêmes".