Esclavage : personne ne demande de "repentance", s'agace Christiane Taubira

L'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira

En ce lundi 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, l’ancienne garde des Sceaux s’agace du "du monologue furieux" de ceux qui s'inquiètent d'une "culture de la repentance". 

"J'avais entendu ça à l'époque des débats" autour de la loi de 2001 qui a reconnu l'esclavage et la traite comme des crimes contre l'humanité, a déclaré sur France Culture l'ancienne députée de Guyane. "Vous avez des gens qui sont perchés sur leurs balcons et qui disent “on en a assez de la repentance. Personne ne leur en demande et c'est en ce sens que j'appelle ça un monologue furieux", a-t-elle ajouté. 

 

L’ambition de “renforcer la cohésion nationale”

"Ce n'est pas le sujet, à la limite ce serait trop facile la repentance, on n'en veut même pas. Moi je n'entre pas en discussion avec des gens qui se disputent avec eux-mêmes", a poursuivi Christiane Taubira. "C'est une affaire extrêmement sérieuse. La repentance qu'ils croient qu'on leur demande, pour nous qui prenons ça très au sérieux c'est juste du pipi de chat et ça ne sent pas bon".

Christiane Taubira 1

Une loi qui “montre le chemin” 

La loi de 2001 "nous montre le chemin, le chemin c'est d'abord la reconnaissance. Nier ce n'est pas un acte de liberté et de responsabilité", a poursuivi l'ancien Premier ministre socialiste, insistant également sur l'importance de la transmission à l'école.

Revenir sur son passé, "si on le fait dans l'esprit de la loi Taubira" permet de "renforcer la cohésion nationale", a souligné pour sa part le président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage Jean-Marc Ayrault sur RFI. 

La réparation de l'esclavage reste un sujet sensible

Concernant Haïti et les sommes exigées par Paris en échange de l'indépendance de son ancienne colonie en 1804, "il y a quelque chose à construire de plus juste", a estimé M. Ayrault à l'heure où la question de la réparation de l'esclavage reste épidermique.

"Ce n'est pas forcément quantifiable mais ça doit être traduit dans des politiques publiques dans des choix que l'on fait, qui ne doivent pas être faits dans un esprit paternaliste mais dans un esprit de coopération et d'égalité", a-t-il ajouté.