Espèces envahissantes exotiques Outre-mer : le péril vert ! [DECRYPTAGE]

Espèces envahissantes Outre-mer
Outre-mer, plus de la moitié des disparitions d’animaux ou de plantes sont causées par des espèces exotiques envahissantes. La1ère vous propose un tour d’horizon de ces espèces qui "empoisonnent la vie" de la biodiversité Outre-mer.
 
Elles se prénomment des espèces exotiques envahissantes. Selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), elles sont impliquées "dans 53% des extinctions d’espèces recensées dans les collectivités françaises d’Outre-mer". [DECRYPTAGE] à voir ci-dessous:
 
©la1ere

Ces espèces introduites volontairement ou pas par l’homme prolifèrent au point de menacer l’environnement local. Il peut s’agir d’animaux ou de plantes. Les conséquences de leur envahissement économiques, écologiques et ou sanitaires.
 

Particulièrement fragiles

Soixante des cents espèces qui figurent sur liste établie par l’UICN des espèces les plus envahissantes se trouvent Outre-mer. Les îles sont particulièrement fragiles du fait de leur isolement et de leur petite surface qui rendent leurs espèces indigènes très vulnérables aux espèces envahissantes exotiques. La1ère vous propose quelques exemples d’espèces exotiques envahissantes qui posent ou ont posé problème.
 

#1 L’escargot carnivore de Californie

L'escargot carnivore de Californie fait partie de ses espèces envahissantes venus d’ailleurs. Il a été introduit à Tahiti dans les années 70 pour lutter contre l’achatine, un escargot importé d’Afrique pour l’élevage qui dévastait les cultures. Seulement voilà, l’escargot carnivore de Californie ne s’est pas attaqué à l’achatine, il a préféré dévorer les petits escargots locaux de Tahiti : les Partulas.

Ce ne sont pas des animaux qui sont très connus, expliquait Rodrigo Navarro, Référent environnement à Polynésie la 1ère. Ils sont tout petits, ils sont très discrets. C’est beaucoup moins glamour qu’un tigre ou qu’un aigle royal, mais ils font vraiment partie de notre environnement".


Les Partulas ont presque disparu de Tahiti. Mais en France, en Angleterre ainsi qu'en Ecosse des scientifiques se sont lancés dans l’élevage de ces escargots dans le but de les réintroduire en Polynésie. Regardez ce reportage de Polynésie la 1ère (2015) ci dessous :
 
L'escargot Partula de retour dans la nature polynésienne
 

#2 Un poisson bien envahissant

En Guadeloupe et en Martinique, l’espèce envahissante se nomme poisson-lion. Cette belle rascasse urticante vit normalement dans l’océan indien. Mais en 1992 suite à un cyclone en Floride, un aquarium a été endommagé et des poissons-lions déversés dans l’Atlantique. Sans prédateur, le poisson-lion a envahi la Caraïbe et chassé les espèces locales de poissons. Regardez ce reportage de Martinique la 1ère :
 
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Pour lutter contre le poisson-lion, les pêcheurs de Guadeloupe et de Martinique se sont mobilisés en proposant cette rascasse à la vente. Les clients n’étaient pas vraiment habitués, mais progressivement le poisson-lion s’est invité au menu des restaurants.

Aujourd’hui le poisson-lion pose moins de problème en Guadeloupe et en Martinique. Mais l’envahissante a choisi un nouveau terrain de jeu : la mer Méditerranée. Il a déjà été aperçu du côté de Chypre.   
 

#3 Un cancer vert nommé miconia

En Polynésie, on l’appelle le cancer vert. Le Miconia, une plante ornementale du Mexique introduite dans les années 30 a colonisé les deux tiers des forêts de Tahiti. Avec ses larges feuilles, le Miconia étouffe le reste de la végétation. Une soixantaine de plantes locales sont menacées de disparition de même que des oiseaux endémiques tels que le monarche de Tahiti. Des campagnes d’arrachages ont lieu régulièrement. En 2014, Polynésie la 1ère suivait l'une des ces actions de lutte contre le miconia : 
La lutte contre le miconia pour préserver le monarque de Tahiti

En plus de l’arrachage, un champignon a été introduit en 2000 par la direction de l’environnement polynésien pour lutter contre le Miconia. Ce champignon grignote les feuilles de la plante envahissante. "40% de la feuille est mangée par le champignon, expliquait Jean-Yves Meyer Biologiste à Tahiti à Polynésie la 1ère. On a beaucoup plus de lumière au sol, ajoutait-t-il. Avant les plantes endémiques ne se développaient pas, ne se reproduisaient pas". En basse altitude, le champignon n’agit pas et l’arrachage reste la seule méthode utilisable.

 

#4 Des chats qui deviennent sauvages

Sur l’île de La Réunion de même qu’en Nouvelle-Calédonie, les chats harets ou chats sauvages figurent parmi les espèces envahissantes les plus nocives. Ils s’attaquent aux oiseaux endémiques comme par exemple le pétrel noir à La Réunion.

En juin 2015, une équipe de réunion la 1ère avait suivi des agents de l’ONF (Office national des forêts) menant une opération de capture de chats sauvages dans la parc national.
 
 

#5 La liane Merremia Peltata

A Wallis et Futuna, une liane envahissante étouffe ainsi de nombreux arbres, même les cocotiers. Son nom : Merremia Peltata. Elle a été introduite pendant la seconde guerre mondiale par les Américains dans plusieurs îles du Pacifique où ils avaient leurs bases.

Les feuilles immenses de cette liane qui pousse vite permettaient de camoufler les avions américains de la vue des pilotes japonais. Avantage pratique : les Américains pouvaient ainsi éviter de construire des hangars.

Mais aujourd’hui, 40% des forêts de Wallis et Futuna sont envahies par cette plante. Difficile de s’en débarrasser à moins d'arracher ces lianes. Seule avantage de la liane : ses feuilles, une fois séchées, forment un engrais naturel, très favorable à la croissance des cultures et très prisé par les agriculteurs locaux.
  

#6 Un crabe très goulu

A Saint-Pierre et Miquelon, on craint l’arrivée du crabe vert qui fait partie des 100 espèces les plus envahissantes au monde. Mais comme un homme averti en vaut deux, les habitants de l’archipel sont très vigilants face à cette menace.

Observé pour la première fois en août 2013 dans le grand étang de Miquelon, le crabe vert fait peur aux pêcheurs locaux. Il peut engloutir jusqu'à vingt moules par jour. Il s'attaque aussi aux jeunes homards, aux crevettes, aux huîtres, ou encore aux petits poissons.
 
©saintpierremiquelon

Originaire d’Europe, le crabe vert a débarqué, il y une cinquantaine d’années, sur les côtes américaines, dans les ballasts des navires puis a migré vers le Canada il y a plus de dix ans.

Fort de l’expérience de leur voisin canadien qui a dû se battre contre cette espèce envahissante, dès qu’un spécimen a été observé à Miquelon, la surveillance s’est accrue dans ce petit archipel français situé au large du Canada. "C’est un bon exemple de coopération régionale réussie", souligne Johann Soubeyran du Comité français de l’UICN interrogé par La1ère.