Le chlordécone nuit à la fertilité des souris sur plusieurs générations selon une étude

Bananiers aux Antilles
Une étude coordonnée par des chercheurs de l'Inserm de Rennes et des Antilles, montre que l'exposition de souris gestantes (NDLR enceintes) au chlordécone entraine chez leur descendance mâle une diminution du nombre de cellules à l’origine des spermatozoïdes.

 
L’étude d’une centaine de pages avec ses annexes coordonnée par l’INSERM (Institut de recherche en santé, environnement et travail)  a été publiée dans la revue Scientific Reports. Ses résultats sont sans équivoque. La descendance des souris gestantes exposées au chlordécone subit une baisse de leur nombre de cellules souches germinales (à l’origine des spermatozoïdes).
 

"Un élément de plus"

Pour Luc Multignier, directeur de recherche INSERM à Rennes à l’origine de cette étude, "les souris sont des très bons modèles d’étude. On ne sait pas encore si dans la vie réelle, la fertilité des Antillais sera impactée, mais cette étude incite les autorités à réduire autant que faire se peut l’exposition des populations au chlordécone. C’est un élément de plus".
 

Cohorte Ti Moun

L’objectif de cette nouvelle étude était de tester chez l'animal, l’hypothèse de conséquences sur plusieurs générations, de l'exposition au cours de la gestation au chlordécone, un perturbateur endocrinien avéré. "Chez l'homme, la cohorte mère-enfant Ti Moun est en cours aux Antilles, mais avant d'obtenir des résultats sur les petits et arrières petits-enfants, cela va être long, précise Luc Multignier, d'où l'intérêt d'une étude sur les souris". 
 

La qualité spermatique

Selon l’étude de INSERM, "Il est en effet bien établi que l’exposition au chlordécone à l’âge adulte et à des doses élevées induit chez l’animal de laboratoire ainsi que chez l’homme une atteinte de la production et de la qualité spermatique".
 

Souris soumises au chlordécone

Des souris gestantes ont donc été exposées par voie orale à une dose journalière de chlordécone connue pour ne pas induire d’effets néfastes chez cette espèce (100 μg par kg de poids corporel). La période d’exposition choisie (du 6e au 15e jour embryonnaire) correspond à une fenêtre critique pour la transmission d’information épigénétique aux générations suivantes mais également de vulnérabilité pour le développement des cellules germinales.

Fatima Smagulova, chercheuse à l'Inserm, responsable scientifique de ce travail précise : " l'ensemble de la lignée germinale chez le mâle est
affecté soit de manière quantitative soit de manière qualitative et ce, après deux générations
".