A La Réunion, à Noël, on se réunit pour manger des letchis. Mais on oublie souvent que c'est Pierre Poivre qui a participé à l'arrivée des letchis sur l'île.
Piqué par l'aventure
Sur les murs de l'orangerie du jardin, quarante-deux planches de BD réalisées par Matthieu Bertrand. On y retrouve toutes les péripéties de Pierre Poivre qui, malgré son nom prémonitoire, ne se destinait pas à une vie d'aventure autour des épices. Il attrape le virus du voyage en 1741 lorsqu'il quitte sa famille de passementiers à Lyon pour aller participer à l'évangélisation de la Chine. Là-bas, il laisse finalement de côté Bible et crucifix pour s'intéresser aux plantes locales avant d'être renvoyé en France.Reparti à l'assaut du monde, il perd un bras lors de l'attaque du navire de la Compagnie française des Indes orientales par les Anglais. Ceux-là le laisse sur l'île de Batavia, actuelle Djakarta en Indonésie, où il découvre le commerce des épices. Il réussit à convaincre le Roi de la nécessité de lancer la France dans ce filon dominé par les Anglais et les Hollandais. "A l'époque en Europe, on s'aperçoit qu'on n'a pas tout mais toutes ces saveurs, ce n'est pas évident de les cultiver", raconte Jean-Pierre Grienay, jardinier botaniste et animateur. "Donc il est plus logique d'utiliser les colonies françaises pour produire ses propres produits et ne pas les acheter très cher."
Plus de 600 plantes
Pierre Poivre est donc nommé intendant à l'Isle de France, actuelle île Maurice, et à l'île Bourbon, aujourd'hui île de La Réunion. Selon Jean-Pierre Grienay, "il a fait introduire plus de 600 nouvelles plantes au jardin Pamplemousse." Il importe de nouveaux plants pour des essais de botanique mais aussi pour diversifier les cultures et endiguer la famine. Il fait également pousser des arbres aux bois solides pour la construction des bateaux qui permettront de voyager sur les océans.Mais son influence s'étend par-delà les mers : "Quand on a une nouvelle plante à La Réunion, on la propage à Maurice, aux Seychelles, mais aussi dans les jardins botaniques de Cayenne et de Martinique, au cas où la France devait perdre La Réunion".
Là-bas, la mémoire de Pierre Poivre est entretenue et son nom est donné à des rues et des établissements scolaires, pour son travail de botaniste, mais pas que :
A La Réunion, aux Moluques, aux Seychelles, on apprend parfois qui est Pierre Poivre alors qu'à Lyon, il n'est pas du tout connu. On se souvient de lui pour son bilan d'intendance plutôt positif. En dehors des plantes, il y a introduit l'imprimerie, il a imposé certains prix pour le pain et la viande pour que les gens puissent manger à leur faim. Il a créé les premières lois de protection de l'environement. Par exemple, il a interdit aux colons d'abattre un cocotier pour aller uniquement chercher la noix de coco. Ça paraît tout bête mais ça commence par là.
Trois cent ans plus tard, l'histoire de Pierre Poivre est à nouveau racontée. Le jardin botanique de la Tête d'or va parrainer le conservatoire de Mascarin à Saint-Leu à La Réunion, qui devrait recevoir l'exposition à l'été 2019.
Informations pratiques
"Pierre Poivre, un lyonnais chasseur de plantes"Du 6 avril au 7 juillet à l'Orangerie du Parc de la tête d'or à Lyon.
Ouvert mercredi, samedi et dimanche de 10h à 18h30 et tous les jours pendant les vacances scolaires.