Fiscalité écologique et pouvoir d'achat : l'Outre-mer dans les débats

Débat fiscalité énergétique et pouvoir d'achat le 5 décembre 2018 à l'Assemblée nationale à Paris.
Le gouvernement a organisé ce mercredi 5 décembre un débat et un vote à l'issue d'une déclaration sur la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d'achat. Une question qui a fait ressurgir l'Outre-mer et particulièrement La Réunion et la crise sociale de ces dernières semaines.
Un débat sur la fiscalité écologique en lieu et place des questions hebdomadaires au gouvernement, voilà l'une des conséquences du mouvement des Gilets jaunes et, selon certains observateurs, le signe d'une fragilisation de la majorité. Ce mercredi 5 décembre, après un discours d'Edouard Philippe, Premier ministre, les députés se sont succédés pour évoquer la fiscalité énergétique et la réponse du gouvernement sur le pouvoir d'achat des Français.
 

Inégalités territoriales


Une assemblée où la question des Outre-mer s'est invitée, et particulièrement celle de la crise sociale à La Réunion. Dans son discours d'introduction, Edouard Philippe a reconnu que "les territoires n'ont pas tous les mêmes atouts et qui ne font pas face tous, aux mêmes difficultés", avec une pensée particulière pour l'Outre-mer.

Remerciant la ministre des Outre-mer Annick Girardin pour son déplacement à La Réunion face aux gilets jaunes, le Premier ministre a déclaré vouloir "lutter contre les inégalités et la pauvreté qui gangrènent ce territoire", avant de conclure : "La situation doit s’améliorer et nous y oeuvrerons " :
 


L'alarme née dans les Outre-mer

Parmi les députés qui se sont exprimés à l'Assemblée nationale ce mercredi, la Martiniquaise Josette Manin. Dénonçant une "manière brutale et toujours à marche forcée" dans le fonctionnement du gouvernement, elle s'est appuyée sur l'exemple des Outre-mer pour expliquer la colère qui a gagné de nombreux Français ces dernières semaines : 
 

Nul sur ces bancs ne saurait remettre en cause la question de l’urgence d’une transition écologique, énergétique et sociale, d’autant que c’est une ultramarine qui vous le dit et dont le territoire souffre de la pollution par la chlordécone, de la prolifération récurrente des algues sargasses et bientôt de la hausse du niveau de la mer.

(...) Malheureusement, il aura fallu le bruit assourdissant des sirènes pour que le pouvoir en place entende enfin son peuple. Mais comment ne pas entendre la grogne qui se faisait écho depuis des mois, alors que les parlementaires ne cessaient de tirer la sonnette d’alarme. Alarme qui a commencé dans les Outre-mer.

Aujourd’hui, l’hexagone a rejoint nos territoires dans la lutte pour l’égalité et la dignité. Alors que les ultramarins souffrent depuis plus de 30 ans, c’est aujourd’hui toutes les régions de France qui sont asphyxiées par cette politique.

- Josette Manin, députée de la Martinique


Josette Manin a ensuite réclamé une "grande politique de reconnaissance des atouts des Outre-mer qui font de la France une grande puissance", demandant au Premier ministre "d'annuler les décisions sur l’abattement fiscal, rétablir l’APL accession dans les Outre-mer, remettre à niveau d’avant 2017 le nombre d’emplois aidés, rétablir la fiscalisation du logement social et de faciliter la libération des énergies bleues". 

La députée martiniquaise s'est enfin interrogée sur une forme de mépris envers les ultramarins, évoquant avoir la sensation d'être "une ligne de dépense budgétaire qui coûte trop cher à la France."

Regardez l'intervention de Josette Manin en intégralité : 


Nadia Ramassamy : "Assez de mépris"

Au nom du groupe LR, auquel elle est apparentée, la députée de La Réunion Nadia Ramassamy s'est également exprimée à la tribune. Après avoir vanté les atouts des Outre- mer, elle a expliqué :

Comme partout ailleurs en France, les habitants des Outre-mer en ont assez d'être méprisés

Nadia Ramassamy, députée de La Réunion.


Regardez l'intervention intégrale de Nadia Ramassamy :

Le vote des députés d'Outre-mer
Un scrutin était organisé après ce long débat sur la déclaration du gouvernement. 358 députés ont voté pour, 194 ont coté contre, quatre se sont abstenus. Voici le détail du vote des députés des Outre-mer (L'analyse complète du scrutin est à consulter ici sur le site de l'Assemblée nationale) :

Ils ont voté pour
  • Lénaïck Adam (Guyane)
  • Ramlati Ali (Mayotte)
  • Stéphane Claireaux (SPM)
  • Olivier Serva (Guadeloupe)
Ils ont voté contre
  • Nathalie Bassire (La Réunion)
  • Claire Guion-Firmin (Saint-Barth/Saint-Martin)
  • Mansour Kamardine (Mayotte)
  • David Lorion (La Réunion)
  • Jean-Luc Poudroux (La Réunion)
  • Nadia Ramassamy (La Réunion)
  • Ericka Bareigts (La Réunion)
  • Serge letchimy (Martinique)
  • Josette Manin (Martinique)
  • Hélène Vainqueur-Christophe (Guadeloupe)
  • Jean-Hugues Ratenon (La Réunion)
  • Huguette Bello (La Réunion)
  • Moetai Brotherson (Polynésie)
  • Manuela Keclard-Mondesir (Martinique)
  • Jean-Philippe Nilor (Martinique)
  • Gabriel Serville (Martinique)
Ils se sont abstenus
  • Justine Bénin (Guadeloupe)
  • Max Mathiasin (Guadeloupe)
  • Sylvain Brial (Wallis et Futuna)
Ils n'ont pas pris part au vote
  • Maina Sage (Polynésie)
  • Nicole Sanquer (Polynésie)
  • Philippe Dunoyer (Nouvelle-Calédonie)
  • Philippe Gomès (Nouvelle-Calédonie)