"Fondasyon Ladja", aux origines de la tradition martiniquaise de combat

L’association Lézinisyé de Martinique a sorti le CD "Fondasyon Ladja", un premier album du genre consacré à cette musique de la danse et de la lutte traditionnelles ladja. Le directeur artistique de l’association, David-Alexandre Fatna, explique en détail ce projet. 
Le projet "Fondasyon Ladja" constitue une première. L’album puise en effet aux sources du patrimoine musical et culturel martiniquais, en reprenant des chants et morceaux de la tradition du ladja, à la fois danse, musique et combat. « Il comporte une dizaine d’inédits très anciens qui n’avaient jamais été enregistrés jusqu’à présent. L’objectif de cet album est de mettre en avant certaines voix que l’on entend pas suffisamment comme celles des anciens pratiquants du ladja », précise David-Alexandre Fatna, le directeur artistique de l’association, qui fait la promotion des danses et de la culture traditionnelle afro-martiniquaise, comme le bèlè, le ladja, les koudmen etc.
 
Les musiciens Benoît Rastocle, Marie Deston et Yvon Quatrevents, piliers emblématiques de la tradition, ont participé à ce formidable projet de transmission, qui totalise dix-huit titres. L’association a réalisé un enregistrement in situ, « pour être au plus près de l’émotion et du côté vivant du ladja », explique David-Alexandre Fatna. « C’était un enregistrement live avec la présence des combattants de manière à mieux servir la musique, les joueurs de tambours (tanbouyé) et les chanteurs (lavwa dèyè) ».
 

"Un esprit de résistance" 

« Le nom ladja vient du nom "ag’ya", qui est un terme d’origine congolaise et sénégalaise, puisque ces différentes populations se sont mélangées dans la Caraïbe, notamment en Martinique. La pratique du ladja a longtemps été réprouvée par le système d’oppression coloniale car elle permettait aux descendants d’Africains de s’exprimer et de développer un esprit de résistance. Ainsi la pratique du tambour et du combat ladja ont longtemps été bannis », souligne le représentant de l’association.
 

REGARDEZ un extrait de l'enregistrement de l'album "Fondasyon Ladja" 


« Les pratiquants de ladja étaient des personnes qui étaient initiées. Il y avait tout un cheminement pour pouvoir devenir pratiquant de haut niveau. Il y a toute une philosophie qui va avec, concernant le rapport à la nature – la lune, la rivière, la mer - la manière de se préparer, le type d’alimentation à avoir, etc. Etre un combattant de ladja c’est être debout d’une certaine manière dans la société ».

Depuis plusieurs années, des personnes et des associations ont renouvelé la pratique du ladja en Martinique, en essayant notamment de le codifier. « Des écoles existent et des anciens pratiquants transmettent leurs savoirs et leurs connaissances. La population se réapproprie cette pratique à travers de nombreuses manifestations. On peut même prendre cette option au baccalauréat, ainsi que le bèlè, en pratique culturelle régionale », se félicite David-Alexandre Fatna.