Fusillade à Strasbourg : témoignages d'ultramarins

Des policiers bloquent l'entrée du centre-ville de Strasbourg, juste après une fusillade tout près du marché de Noël le 11 décembre 2018.
Une fusillade a fait au moins 3 morts et une douzaine de blessés mardi 11 décembre à Strasbourg, à deux pas du marché de Noël et du Parlement Européen. Des ultramarins présents sur les lieux de l'attaque témoignent.
L'angoisse en plein centre-ville de Strasbourg mardi soir. Alors que le traditionnel marché de Noël fermait ses portes, un homme en possession d'une arme de poing et d'un couteau a ouvert le feu sur les passants aux alentours de 20h. Bilan : au moins trois morts et une douzaine de blessés, dont six en urgence absolue. Le tireur, qui aurait été blessé lors d'un échange de coups de feu avec les forces de l'ordre, a ensuite pris la fuite à bord d'un taxi volé. 
 

Confinés pendant plusieurs heures


A la suite de l'attaque, le centre historique de Strasbourg a été entièrement bouclé par les forces de l'ordre. Des dizaines de personnes sont restées confinés dans les restaurants du quartier pendant plusieurs heures. C'est le cas de Jeremy Rigal, un Tahitien qui fêtait son anniversaire dans une brasserie "à 100m du lieu de l'attaque". Il venait de s'installer dans le restaurant lorsqu'un policier est entré pour demander aux clients attablés de se plaquer au sol et de se cacher. Jeremy Rigal explique au micro de Polynésie la 1ère avoir "échappé aux balles" à 10 minutes près. Écoutez son témoignage :
 

Le témoignage de Jeremy Rigal (Version Longue)


Patrick Boez, un habitant de Saint-Pierre-et-Miquelon en vacances à Strasbourg, était lui aussi attablé dans un restaurant tout proche du lieu de la fusillade, juste après avoir visité le marché de Noël historique. Il n'a pu rentrer chez lui qu'au bout de 4 heures, après avoir passé la soirée "vissé sur le téléphone pour suivre les informations sur les réseaux sociaux". Interrogé dans le JT de Saint-Pierre-et-Miquelon la 1ère, il témoigne d'une ville bouclée et déserte. 
 
©la1ere

 

Mise à l'abri des clients


Omid Haikimi, est serveuse dans le restaurant réunionnais La case de l'île Bourbon, installé dans la Grand'rue de Strasbourg, à 250 m du lieu de la fusillade. Au moment de l'attaque, une demie-douzaine de personnes y étaient attablées. La serveuse les a mises à l'abri. Jointe par David Ponchelet, elle raconte la panique. La ville est aujourd'hui "calme" et "fragile" selon elle, et le restaurant désert :

Témoignage restauratrice Strasbourg


"Une nuit d'angoisse"


Réunion la 1ère a recueilli le témoignage de deux Réunionnaises installées à Strasbourg. Samileï Hoarau et Chloé Jubault avaient rendez-vous sur la Grand Place, où se tient le marché de Noël. Elles sont arrivées juste après le début des coups de feu et, bloquées par la sécurité, ont rebroussé chemin pour se réfugier chez l'une d'elles. Là, confinées, elles disent avoir vécu "une nuit d'angoisse". Écoutez leurs témoignages :
 

Samileï HOARAU

 

Chloé JUBAULT


Mais les deux étudiantes restent confiantes et se veulent rassurantes :
 

Ce n’est pas parce qu’il se passe des événements comme ça en métropole que l’on est toujours en danger. Strasbourg est une très belle ville et je suis heureuse d’y être venue. Le marché de Noël est sublime et j’espère qu’il ne va pas fermer. Le monde doit continuer de tourner, ce genre d’individu gagnerait si on annulait ce marché de Noël

 

Le Parlement européen bouclé


L'attaque s'est déroulé tout près du Parlement Européen, où les députés réunis en séance plénière ont également dû rester à l'intérieur en attendant les ordres de la police. Le Réunionnais Younous Ormarjee a raconté sur Twitter avoir pu rentrer chez lui avant le confinement et a exprimé sa tristesse.
   
Louis-Joseph Manscour, député européen né en Martinique, était lui aussi présent à Strasbourg. Il retournait à son hôtel lorsque son chauffeur l'a prévenu de coups de feu. "Les gens courraient de partout, se bousculaient dans les rues", explique-t-il à Serge Massau :
 

Témoignage de Louis-Joseph Manscour à Strasbourg


Une minute de silence sera observée à midi ce mercredi 12 décembre au Parlement en hommage aux victimes.
 

La Marseillaise en hommage


Autre événement important ce mardi 11 décembre, la rencontre en Ligue de champions de basket entre Strasbourg et l'Olimpija Ljubljana au Rhénus, une salle de sport de Strasbourg. Les spectateurs et les joueurs ont été maintenus dans l'enceinte de la salle pendant plus de deux heures. Ils ont entamé une Marseillaise en hommage aux victimes : 
 
Le Guadeloupéen Florent Pietrus, membre de l'équipe de Strasbourg et champion de France et d'Europe de basket, a fait part de son émotion sur Twitter.
 
Joint au téléphone par Marie Boscher, il raconte le déroulement de la soirée dans l'enceinte du Rhénus, calme et chargée en émotion :
 

Témoignage Florent Pietrus Strasbourg


 

Enquête en cours


Dès les premières minutes de l'attaque, le plan blanc a été déclenché dans les hôpitaux de la région pour accueillir les victimes. Emmanuel Macron a également dépêché sur place dans la soirée Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur.

Une enquête a été ouverte et la section antiterroriste du parquet de Paris s'en est saisi. D'après les premiers éléments communiqués par les autorités, le tireur, Chérif K., âgé de 29 ans, était connu des services de police pour des faits de droits communs. Mais il a fait l'objet d'une fiche S en raison de ses liens avec l'islamisme radical. Dans le cadre d'une autre enquête pour homicide, il aurait dû être arrêté le matin même de l'attaque, mais il n'était pas à son domicile. 

Un dispositif de plus de 600 gendarmes et deux hélicoptères a été déployé pour tenter de retrouver l'assaillant qui aurait pu prendre la fuite vers l'Allemagne. Les forces de l'ordre outre-rhin sont également mobilisées.