"Je m’en vais aux États-Unis pour m’entraîner. Ça y est, je suis prête à partir. Juste les bagages et puis voilà". C'est dans une vidéo postée sur le site de la Fédération française de gymnastique mercredi 6 avril que Mélanie De Jesus Dos Santos, la reine de la gymnastique française, a annoncé son départ vers l'Amérique.
Dans cette publication, la Martiniquaise confirme qu’elle quitte l’Hexagone pour aller s’entraîner aux États-Unis, à Houston, pour rejoindre les entraîneurs français de Simone Biles, la star de la gymnastique mondiale. Une annonce qui fait forcément grand bruit à Saint-Etienne, où la jeune femme âgée de 21 ans s’entraîne depuis plusieurs années, mais que tempère son entraîneur Eric Hagard : "Concernant ma position vis-à-vis d’elle, j’ai fait mon travail avec Mélanie. On l’a accueilli en Métropole pour lui permettre de réaliser son rêve, c'est-à-dire les Jeux Olympiques. Effectivement, elle a eu entre-temps la chance de faire quadruple médaillée d’or aux Championnats d’Europe."
Mieux rebondir après sa déception des JO de Tokyo
"On a fait notre travail en tant que 2ᵉ parent, mais à un moment donné dans la vie, il faut que l’oiseau prenne son envol. Et comme vous le savez, le surnom de Mélanie est "le Colibri", a indiqué Eric Hagard à Outre-mer La 1ère. Mélanie a décidé de rebondir dans sa vie après les Jeux Olympiques, de voir autre chose puisque effectivement on a été à l’origine de sa participation à la tournée américaine."
Avec mon épouse, on voulait que Mélanie puisse digérer sa déception des JO et voir autre chose. Elle sait très bien que Saint-Etienne a été sa seconde famille durant plusieurs années et cet attachement qu’elle a pour les personnes qui ont travaillées pour et avec elle est toujours là. Oui, je suis content pour elle, je suis content qu’elle puisse tenter cette expérience.
Eric HagardEntraîneur de Mélanie De Jesus Santos à Saint-Etienne
La jeune gymnaste s’était seulement classée à la 6ᵉ place aux barres asymétriques et est arrivée 11ᵉ du Concours général aux derniers Jeux Olympiques de Tokyo 2020. La déception a été à la hauteur de ses espoirs. La native de Schœlcher en Martinique, qui comptait s’arrêter pour respirer et évacuer la frustration de son échec aux JO, a été conviée à une tournée d’une trentaine de dates programmées entre le 21 septembre et le 7 novembre dernier aux États-Unis aux côtés de Simone Biles. Elle a alors retrouvé son envie de revenir au plus haut niveau.
Eric Hagard rappelle qu’"après les JO de Tokyo, on a discuté, on a fait le point sur ce qu'elle voulait faire. Elle n’avait pas d’idées. Elle voulait quitter la gym. On a fait en sorte qu’elle puisse rebondir sur une tournée américaine. Cela lui a ouvert les yeux sur une autre manière de faire de la gym. Elle a fait des spectacles chaque soir devant 10 à 15.000 personnes. C’était un peu la gym-spectacle, la gym show. Cela lui a permis d’effacer ces Jeux tronqués. Elle a découvert un pays. Elle a fait le tour des États-Unis et s’est dit : "c’est bien, ça correspond un peu à la vie que j’ai envie de mener un peu plus tard"".
Paris 2024 en ligne de mire
L’entraîneur stéphanois poursuit : "En amont des Jeux de Tokyo, on a eu la chance de faire deux stages chez Simone, car effectivement, quand on s’appelle Mélanie de Jésus Dos Santos et qu’on a des ambitions olympiques, des objectifs de médaille, il faut s’entraîner avec la meilleure gymnaste du moment. Mélanie a envie de vivre cette expérience en préparation des Jeux Olympiques Paris 2024."
Dans cette nouvelle structure américaine, Mélanie De Jesus Dos Santos s'entrainera, explique-t-elle, "avec Cécile et Laurent Landi, des entraîneurs français. Je n’irais pas avec Simone (Biles) car pour elle la gym, c'est un peu en stand-by, mais je serai avec les filles des États-Unis".
Pour Eric Hagard, "l’état d’esprit américain est particulier et c’est ce qui plaît à Mélanie. Après, j’ai eu la chance d’entraîner aux États-Unis et je dirais qu’on garde quelque part ses racines. Dans la manière de voir les choses, on s’américanise. Les entraîneurs français vont lui parler en français ou peut-être aussi en anglais – ça je n’en sais rien. Elle verra bien. Mais c’est une chance, car dans les moments difficiles, peut-être que le fait d’échanger avec elle en français permettra de résoudre des problèmes. Mais au niveau de l’état d’esprit, ces gens-là sont complètement intégrés dans la société américaine. Ils travaillent avec le fighting spirit. Ils ont eu la chance d’entrainer Simon Biles, donc de l’expérience au très haut niveau. C’est ce qui va peut-être permettre à Mélanie de concrétiser ses rêves de médailles".
Grand espoir de la gymnastique française, Mélanie De Jesus Dos Santos annonce d’ailleurs ses objectifs : "Mon projet, c’est la prépa olympique 2024. Je reviendrai pour les stages, les compétitions. Je matcherai encore pour la France." Malgré l’éloignement, la Martiniquaise garde en ligne de mire les Jeux Olympiques de Paris parce que la devise olympique "plus vite, plus haut, plus fort" sied parfaitement à cette championne qui ambitionne d’être reine chez elle dans trois ans.