Plusieurs organisations de défense des droits humains appellent la justice haïtienne à poursuivre les complices de la dictature duvaliériste. Elles rappellent, dans un rapport publié mardi, que la mort de Jean-Claude Duvalier en octobre 2014 ne signait pas la fin de la procédure.
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Le rapport "En Haïti, on poursuit l'enquête, pas les criminels", édité par la Fédération internationale des droits humains (FIDH), rappelle l'urgence du dossier : seules sept des 17 personnes visées par les plaintes sont aujourd'hui encore en vie. Plus de trois décennies après la fin de la dictature, plusieurs victimes de torture et de détentions arbitraires, qui avaient en détail témoignées de ces crimes lors des audiences tenues à Port-au-Prince en 2012 et 2013, sont également décédées sans obtenir justice.
"Si l'intérêt médiatique du dossier judiciaire s'amenuisait légitimement avec le décès de l'ancien dictateur, l'instruction judiciaire (...) devait néanmoins se poursuivre pour éviter l'impunité générale du régime de Jean-Claude Duvalier" peut-on lire dans le document d'une soixantaine de pages.
Depuis février 2014, un juge est chargé de compléter l'instruction mais les représentants des parties civiles dénoncent l'opacité et la lenteur de la procédure causée par un cruel manque de moyens et également des pressions politiques. "Le juge dispose d'une marge de manoeuvre très étroite en raison de la persistance, au sein des pouvoirs successifs haïtiens, de ce que l'on nomme les ‘duvaliéristes’. Le nouveau gouvernement ne serait ainsi qu'une continuité du précédent de Michel Martelly, ancien président d'Haïti, qui ne cachait pas une certaine admiration pour l'ancien dictateur", affirme le rapport.
Si les crimes contre l'humanité n'ont pas encore été jugés, les crimes financiers commis par le régime dictatorial sont également encore en cours de traitement. Jean-Luc Virchaux, ambassadeur suisse accrédité à Port-au-Prince, a rappelé mardi que 6.250.000 dollars ont été recensés sur des comptes bancaires suisses au nom de Jean-Claude Duvalier et de sa mère. La procédure de restitution de ces fonds à Haïti reste encore à définir.
Si le rapport publié mardi appelle les autorités à garantir les moyens et l'indépendance nécessaires au juge d'instruction, les défenseurs des droits humains ne sont pour autant guère optimistes. "Nous n'avons pas grand espoir que la procédure aboutisse c'est pourquoi nous mettons l'accent sur la sensibilisation, sur le devoir de mémoire" concède Rosy Auguste, du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). "Il faudra voir si, à la longue, ça n'est pas une possibilité pour nous d'aller devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme et porter la cour à condamner l'Etat haïtien" conclut-elle.
"Si l'intérêt médiatique du dossier judiciaire s'amenuisait légitimement avec le décès de l'ancien dictateur, l'instruction judiciaire (...) devait néanmoins se poursuivre pour éviter l'impunité générale du régime de Jean-Claude Duvalier" peut-on lire dans le document d'une soixantaine de pages.
"Bébé Doc" et "Papa Doc"
Surnommé "Bébé Doc", Jean-Claude Duvalier avait hérité du pouvoir à 19 ans, à la mort de son père François Duvalier (1957-1971, dit "Papa Doc"). Chassé du pouvoir en 1986, exilé en France pendant 25 ans, Jean-Claude Duvalier avait choisi le premier anniversaire du séisme meurtrier de janvier 2010 pour rentrer de façon inattendue en Haïti.Depuis février 2014, un juge est chargé de compléter l'instruction mais les représentants des parties civiles dénoncent l'opacité et la lenteur de la procédure causée par un cruel manque de moyens et également des pressions politiques. "Le juge dispose d'une marge de manoeuvre très étroite en raison de la persistance, au sein des pouvoirs successifs haïtiens, de ce que l'on nomme les ‘duvaliéristes’. Le nouveau gouvernement ne serait ainsi qu'une continuité du précédent de Michel Martelly, ancien président d'Haïti, qui ne cachait pas une certaine admiration pour l'ancien dictateur", affirme le rapport.
Manque de volonté politique
Pour les défenseurs des droits humains, le manque de volonté politique pour faire avancer les procédures judiciaires est flagrant et inquiétant. "Les autorités actuelles ont clairement signifié que la justice et l'Etat de droit n'étaient pas une de leurs priorités : on le voit parce que le budget même affecté à la Justice est de moins de 1% et c'est vrai que c'est inquiétant" témoigne Delphine Carlens, de la FIDH.Si les crimes contre l'humanité n'ont pas encore été jugés, les crimes financiers commis par le régime dictatorial sont également encore en cours de traitement. Jean-Luc Virchaux, ambassadeur suisse accrédité à Port-au-Prince, a rappelé mardi que 6.250.000 dollars ont été recensés sur des comptes bancaires suisses au nom de Jean-Claude Duvalier et de sa mère. La procédure de restitution de ces fonds à Haïti reste encore à définir.
Si le rapport publié mardi appelle les autorités à garantir les moyens et l'indépendance nécessaires au juge d'instruction, les défenseurs des droits humains ne sont pour autant guère optimistes. "Nous n'avons pas grand espoir que la procédure aboutisse c'est pourquoi nous mettons l'accent sur la sensibilisation, sur le devoir de mémoire" concède Rosy Auguste, du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). "Il faudra voir si, à la longue, ça n'est pas une possibilité pour nous d'aller devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme et porter la cour à condamner l'Etat haïtien" conclut-elle.