Harry Roselmack : "Ce n’est pas suffisant d’être un symbole" [#MaParole]

Journaliste, réalisateur et producteur, Harry Roselmack aime varier les plaisirs. Dans #MaParole, il retrace son parcours exceptionnel : de son enfance passée à Tours, ses premiers flashs dans une radio associative, ses livres, son premier 20h sur TF1 à son film de fiction.

C’est à Boulogne, dans les locaux de HTO, sa société de production située à quelques encablures du siège de TF1 qu’Harry Roselmack a accepté d’évoquer son enfance passée à Tours entrecoupée par de longs séjours en Martinique ainsi que sa carrière de journaliste et ses projets de réalisateur et d’écrivain.

Dès l’adolescence, Harry Roselmack a eu envie de devenir journaliste. A Radio Béton, la radio associative où son père animait une émission de musique afro-antillaise le dimanche matin, il a fait ses premiers flashs d’infos sur l’actu des Antilles.

Le journaliste raconte dans #MaParole qu’il a toujours baigné dans la culture antillaise. Et "ce lien se renforce au fur et à mesure des années", dit-il. Tous les trois ans, la famille Roselmack partait en Martinique grâce aux congés bonifiés. Sa mère travaillait à la poste et son père dans la police.

Après l’IUT de Tours puis un DEUG d’histoire, Harry Roselmack a fait ses premiers pas de journaliste à Média tropical en 1994. Il est entré ensuite à Radio France, la "maison ronde" grâce à laquelle il a sillonné l’Hexagone en parcourant le réseau des locales. Il est devenu ensuite présentateur à France info. Il a aussi participé à l’émission France Europe express, menée par Christine Ockrent sur FR3.  

Le journaliste évoque aussi dans #MaParole sa passion pour le judo qui ne s’est pas démentie avec les années. C’est là qu’il a rencontré ses plus vieux copains.

Repéré par Patrick Poivre d’Arvor lors d’un repas organisé par le club Averroès, un club dont l’objectif était de promouvoir la diversité dans les médias, Harry Roselmack est recruté un an après par TF1. Patrick Le Lay, le patron de la chaîne, lui demande de devenir le joker du 20h.

En 2006, il est donc le premier journaliste noir à présenter le journal de 20h en France. Dans #MaParole, Harry Roselmack raconte de manière très précise les sensations qu’il a ressenties lors de son premier JT. La pression était immense, mais tout a été fait à TF1 pour que cela se passe le plus sereinement possible. De cette période, il a gardé de bons souvenirs tels que le duplex avec Buzz Aldrin pour célébrer les 40 ans du premier pas de l’homme sur la Lune. Il se rappelle aussi de sa rencontre avec Denzel Washington, un acteur au "charisme frappant".  

Harry Roselmack plaide toujours pour plus de diversité à la télévision. Mais selon lui, en 2020, les changements n'ont pas été suffisants "pour réparer des constructions identitaires qui sont aujourd’hui beaucoup plus communautaires qu’elles n’étaient il y a 20 ou 40 ans". "Ce n’est pas suffisant d’être un symbole", ajoute le journaliste. "La diversité, c’est bien, mais il faut accéder aux responsabilités. Il faut porter une grille de lecture du monde qui est celle de Français qui ont par leurs racines un regard différent", précise-t-il.

En 2011, Harry Roselmack décide de tourner la page du 20h et de se consacrer à un nouveau magazine Harry en immersion, "son nirvana journalistique". Il continue à présenter son Magazine Sept à huit, qui perdure aujourd’hui, une émission qu’il présente depuis 14 ans et dont il se dit "très fier".  

Contrairement à ses prédécesseurs au 20h de TF1, Harry Roselmack a refusé que sa vie privée figure dans les journaux. Dès le début après avoir eu la "mauvaise surprise" de se voir en vacances et en famille dans un magazine people, il a attaqué en justice la publication. Depuis le journaliste est bien tranquille. "Quand ça leur coûte plus cher que ça ne leur rapporte, ils renoncent", explique-t-il dans #MaParole.

Le journaliste a toujours préféré donner de sa personne pour défendre des causes qui lui semblaient justes et signer des tribunes. Harry Roselmack se dit à la fois inquiet et optimiste sur la question des fractures de la société française. Il estime qu’il "ne faut pas confondre histoire et mémoire". 

En plus de son métier de journaliste, Harry Roselmack écrit des romans ou des nouvelles. Il a signé Novilu en 2007 et il vient de sortir Nouvelles d’après 20h aux éditions Auteurs du monde. Il a par ailleurs réalisé un long-métrage intitulé Fractures en 2019 pour lequel il a dû soulever des montagnes. Il travaille en ce moment sur l’écriture d’une série.

Prise de son : Bruno Dessommes.

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Harry Roselmack en 5 dates

20 mars 1973

Naissance à Tours.

♦ 17 juillet 2006

Premier journal télévisé d’Harry Roselmack sur TF1.

♦ 24 novembre 2009

Premier numéro de Harry Roselmack en immersion. La premier magazine est tourné à Villiers-le-Bel dans le Val d’Oise.

♦ 22 octobre 2017

Mention spéciale au Chelsea Film Festival de New York pour son film Fractures.

♦ 24 novembre 2020

Sortie de son livre Nouvelles d’après 20h (éditions Auteurs du monde)