Le hasard réserve parfois de belles surprises. De passage chez lui à La Réunion juste avant le confinement, Fabrisio Saidy est finalement resté avec les siens. Aujourd’hui, le meilleur français sur 400 mètres continue de se ressourcer dans la chaleur familiale.
Quinze jours. Fabrisio Saidy ne devait rester que quinze petits jours à La Réunion. Un passage express avant de rejoindre l’Afrique du Sud pour un stage avec l’équipe de France d’athlétisme. Quinze jours chez lui en famille. L’occasion de profiter de sa ville de Saint-Pierre qu’il aime tant. La mi-mars pointait alors le bout du nez.
Puis le calendrier s’est mis en mode pause : "Je suis arrivé à La Réunion juste avant la mise en place du confinement," nous confirme Fabrisio. "J’ai très bien vécu tous les événements. Car si j’ai momentanément perdu mon groupe d’entraînement, j’ai aussi retrouvé ma famille. Et je peux vous dire que c’est le plus important dans la vie. Nous sommes six en tout dans la maison : mes parents, mes deux sœurs, mon petit frère et moi. C’est un grand bonheur au quotidien."
Un retour aux sources précieux pour Fabrisio Saidy qui a choisi l’exil à l’INSEP en septembre 2018. Un choix logique tant son talent est grand. Depuis, le Réunionnais multiplie les déplacements tout autour de la planète. Pour des compétitions aussi bien réservées aux espoirs qu’aux seniors.
Le petit prodige du tour de piste n’a encore que 20 ans. Un sourire toujours plaqué aux lèvres. Mais également une grande application dans tout ce qu’il fait. Que ce soit dans la pratique du sport ou dans sa vie privée.
Dans son département, Fabrisio Saidy a vite retrouvé ses repères. Jean-Marc Hardy, son ancien coach à la Dominicaine Athlétisme est venu encadrer les séances du néo-confiné. Tout en suivant bien évidemment les instructions à distance de Marc Vecchio, le boss parisien.
Entraînement confiné, entraînement compliqué ? Pas tant que ça : "Encore une fois, je suis à La Réunion. J’avais une dérogation du Directeur Technique National pour me déplacer. J’ai donc pu profiter de sites d’entraînement extraordinaires comme la forêt de l’Étang-Salé ou bien évidemment le bord de mer. Si j’avais dû rester en région parisienne, je n’aurais jamais pu avoir une telle liberté et un tel confort."
D’autant plus que l’hiver de Fabrisio a été compliqué par une lésion à l’ischio-jambier. Sans parler de ses tendons d’Achille qui commençaient à grincer. Cette période de confinement-adaptation a donc été salvatrice : "C’est vrai que ça m’a permis de prendre soin de mon corps. Pour moi, c’est tout bénef !"
Surtout que le compte-à-rebours 2020 a été stoppé. Les Jeux Olympiques au Japon ont disparu du menu estival. Le monde de l’athlétisme pourrait ne pas faire sa rentrée avant l’année prochaine.
Dans ces conditions, le Réunionnais pourrait être tenté de prolonger son séjour en famille. Cadre d’entraînement enchanteur. Météo idéale et risque sanitaire moins élevé qu’en Ile-de-France : "La Réunion n’a pas eu de morts liées aux Covid-19. Les gens étaient très sérieux. À croire que nous sommes habitués à certaines formes de confinement avec les cyclones ou le chikungunya…"
Fabrisio Saidy espère pourtant retrouver la piste de l’INSEP en juillet ou en août prochain. Il rêve déjà de 400 mètres tests avec les autres membres de son groupe d’entraînement. La pandémie de coronavirus n’a fait que le renforcer mentalement : "Je suis quelqu’un de cool. Nous serons peut-être la seule génération d’athlètes à avoir vécu ça. Maintenant, il me semble urgent de VIVRE. Et de ne plus avoir peur de se fixer des objectifs élevés. C’est ma philosophie."
Des objectifs élevés sur la piste et une grande modestie en dehors. Fin avril sur le site de La1ere, son grand ami et camarade d’entraînement Lidji M’Baye l’élisait plus grand séducteur de l’INSEP.
Aujourd’hui, Fabrisio tient à faire une petite mise au point. Son pote guadeloupéen a tout faux : "Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de Lidji M’Baye. Peut-être un excès de modestie. Ou un manque de lucidité. Quand l’INSEP aura retrouvé une activité normale, allez donc interroger toutes les créatures qui rôdent autour de lui. Elles vous diront combien Lidji est attirant. C’est magnétique. La séduction est quelque chose de naturel chez Lidji M’Baye. Il n’y peut rien !"