"Le racisme est un délit. Ce n'est pas une opinion." L'avocat d'Annabelle Lengronne, actrice martiniquaise qui s'est faite insulter par un homme lors d'une soirée le 28 décembre 2021 dans la ville de Dax (Landes), s'est félicité de la condamnation de l'agresseur, jugé lundi 21 février pour "injures publiques à raison de la race".
Sur les réseaux sociaux, l'actrice sénégalo-martiniquaise de 34 ans a exprimé sa reconnaissance au sortir d'un procès qui s'est tenu moins de deux mois après les faits. Contacté par Outre-mer La 1ère, Me Hosni Maati a souligné le courage de sa cliente, qui "a été jusqu'au bout de sa démarche".
"Zemmour, il te regarde, il te ramène dans ton pays"
Les faits se sont produits en fin d'année dernière. Alors qu'Annabelle Lengronne et une de ses amies passaient une soirée avec un groupe de garçons avec qui elles avaient sympathisé à Dax, dans le sud de l'Hexagone, l'un d'entre eux se propose de les raccompagner chez elles. L'actrice refuse. Lui insiste.
Face au refus, l'homme se met alors à déblatérer des injures racistes, faisant référence au candidat d'extrême-droite à l'élection présidentielle Eric Zemmour ("Zemmour, il te regarde, il te ramène dans ton pays"). Annabelle Lengronne a filmé l'échange tendu avec son agresseur, puis l'a posté sur internet, dénonçant l'attitude de cet homme.
Dans la vidéo, on entend l'homme dire ouvertement qu'il n'aimait pas "les Noirs et les Arabes" et traiter l'actrice de "sale bougnoule". "Il a expliqué que c'était la faute de l'alcool, que la victime et son amie avaient mis de l'huile sur le feu, qu'il avait des difficultés personnelles", raconte l'avocat d'Annabelle Lengronne, ajoutant qu'il avait également "exprimé des regrets".
Stage de citoyenneté
[Annabelle Lengronne] a pu s'entretenir avec lui et lui expliquer que, finalement, la haine dont il se plaint de recevoir sur les réseaux sociaux - qu'elle ne cautionne pas - était aussi le résultat de sa propre haine.
Me Hosni MaatiAvocat de la plaignante
"Je ne suis pas comme ça, je ne suis pas raciste", s'est défendu le jeune homme de 26 ans lors de l'audience, lundi, comme l'a relaté France Bleu Gascogne.
"Quand on lutte contre les discriminations, ce n'est pas avec un [seul] procès que l'on va tout régler", estime Me Hosni Maati, qui se désole de voir "un lâcher prise de la part de certains pour tout ce qui touche à l'expression de nos bas instincts". Une désinhibition dont l'allusion faite à Eric Zemmour lors de l'altercation est la preuve, selon lui. Le polémiste a été condamné en janvier pour "provocation à la haine et à la violence" et fait de l'identité française un thème phare de sa campagne électorale.
L'homme, désigné coupable lundi, devra suivre un stage de citoyenneté afin de se sensibiliser sur les questions liées aux discriminations. Il doit également payer 1 500 euros de préjudice à Annabelle Lengronne.