"J'espère ne pas me louper" aux JO, confie Teddy Riner après sa victoire à Antalya

Le judoka Teddy Riner, à Bakou (Azerbaïdjan), le 16 février 2024.
Éreinté et sans "envie" malgré l'or au Grand Chelem d'Antalya, le Guadeloupéen se tourne désormais vers les Jeux Olympiques de Paris, où il "espère ne pas se louper", a-t-il confié dimanche à l'AFP et l'Équipe.

La victoire manque un peu de saveur pour Teddy Riner. Éreinté et sans "envie" malgré l'or au Grand Chelem d'Antalya, le judoka guadeloupéen se tourne désormais vers les JO de Paris, où il "espère ne pas se louper", et rêve de cet événement lors duquel "un instant de notre vie s'arrête", a-t-il confié dimanche à l'AFP et l'Équipe.

Question : Que retirez-vous de ce tournoi de préparation ?

Teddy Riner : Travail achevé. Il n'y avait pas de grosse envie, je ne vais pas le cacher. À la dernière minute, je voulais annuler le tournoi. J'ai engrangé un peu de fatigue, beaucoup de fatigue, à cause des entraînements, je pense que ça s'est vu toute la journée, même sur la finale (contre Tatsuru Saito, NDLR).

J'ai rarement eu cette sensation de "pas envie". Pour moi, ce n'est pas ça l'objectif. Physiquement ça va, mais si le cerveau ne suit pas... Et puis on sait que chaque carte qu'on brûle, les personnes en face vont étudier. Donc en finale, je n'ai rien fait (pour ne pas trop en dévoiler, NDLR).

Avec l'or, l'objectif est tout de même atteint.

L'objectif ? Franchement, pour les coachs, oui. Il y a des points (au ranking olympique, NDLR), j'espère qu'ils sont contents. Maintenant, je vais pouvoir me focaliser sur cette préparation terminale et arrêter de penser "faut encore combattre, faut encore combattre". Ce qui me fait me lever le matin, c'est les Jeux. J'ai hâte d'y être et j'espère ne pas me louper.  

Pour l'instant tous les voyants sont au vert...

Oui, mais les Jeux, c'est les Jeux. Ça va être mes cinquièmes Jeux, je sais ce que c'est. C'est pas un Championnat du monde, c'est pas un Championnat d'Europe, c'est pas un tournoi, ce n'est pas un Masters, c'est les Jeux olympiques. Le monde s'arrête à ce moment-là.

C'est difficile de vous faire comprendre ça, parce qu'à chaque fois, quand on raconte les Jeux on dit que c'est merveilleux, c'est magnifique... C'est vrai, mais c'est tellement plus. C'est un instant de notre vie qui s'arrête. Moi, j'ai la chance d'avoir été cinq fois médaillé olympique (or en 2012 et 2016 chez les lourds, en 2021 par équipe, et bronze en 2008 et 2021, NDLR). Il y en a qui vivent toute une carrière sans pouvoir l'être. Je sais la chance que j'ai, mais j'en veux encore. C'est extraordinaire les Jeux, c'est la plus belle aventure du sport.

Quand vous parlez de continuer jusqu'aux JO de Los Angeles en 2028, c'est sérieux ?

J'ai fait une olympiade magnifique. Elle est passée vite. Il y a eu des super moments d'entraînement, de préparation, j'ai pris énormément de plaisir. J'en ai encore beaucoup sous le pied, donc je me dis, "let's go", pourquoi arrêter ? Par contre, après 2028, je pense que ce sera dur. À un moment, il faut tourner la page et dire au revoir à ce monde merveilleux.

Le programme désormais, c'est un stage au Japon fin avril. Qu'allez-vous chercher là-bas ?

J'adore m'entraîner au Japon. C'est propre, si tu dois prendre une "boîte" tu la prends. Ils viennent livrer bataille. Ce que j'ai déploré aujourd'hui (dimanche, NDLR). Mais ils n'ont pas voulu combattre. Si tu dis que tu vas me battre, fais du judo ! Ils ont été sanctionnés, voilà (trois adversaires battus par disqualification après trois pénalités, NDLR). Pour une fois que le règlement est bien appliqué.

Sont-ils paralysés par votre stature, votre palmarès ?

Quand je suis arrivé, moi, et que je prends Inoue (le Japonais Kosei Inoue, champion olympique 2000 chez les -100 kg, NDLR) j'étais paralysé ? Quand je les ai pris, tous, j'étais paralysé ? Non. C'est une mentalité, de vouloir faire tomber, pas d'essayer de vouloir couillonner le combat.

Pourrait-on vous voir aux Mondiaux (19-24 mai) ?

Mes coachs sont capables (de le pousser à s'inscrire, NDLR). On va voir. Pour l'instant l'envie n'est pas là. Quand je me suis inscrit à Paris (tournoi qu'il remporte en février, NDLR), l'envie y était. Pour Antalya, l'envie n'y était pas du tout. Je ne vais pas cracher sur une médaille, sur des points qui me font être troisième mondial, mais j'ai besoin de récupérer, de souffler une bonne semaine pour pouvoir repartir au travail et pouvoir bien préparer ces Jeux.