Il a excellé avec les Barjots, les Costauds et les Experts, remportant deux mondiaux de handball, un championnat d’Europe et la médaille d’or aux JO de 2008. Joël Abati évoque dans #MaParole son enfance en Martinique, sa carrière de handballeur et son détour par la politique.
Il est l’un des joueurs qui a marqué l’histoire du handball français. Avec les Bleus, il a remporté les trois principales compétitions internationales : les championnats du monde en 2001 et en 2009, le championnat d'Europe en 2006 et surtout les Jeux olympiques de 2008. Au total, Joël Abati, qui a passé 14 ans avec les Bleus, affiche au compteur 204 sélections et 585 buts. Et avec son de club de Magdebourg en Allemagne où il a passé dix ans, il a aussi remporté la Ligue des champions en 2002. Un palmarès de Barjot, de Costaud et d’Expert.
#1 L’Espoir de Floréal
C’est en Martinique que Joël Abati a commencé à s’intéresser au handball d’abord au collège puis au sein de l’Espoir de Floréal à Fort-de-France qu’il évoque dans #MaParole. Avec ce club, il est devenu champion des Antilles-Guyane et il a même battu l’équipe de Jackson Richardson en championnat de France nationale 3. Exploit qu’il a rappelé par la suite à de nombreuses reprises au Réunionnais, capitaine de l’équipe de France.
En Martinique, le père de Joël Abati ne voyait pas, lui, d’un très bon œil une carrière de handballeur. Ce docker disait à son fils : "quand tu auras un vrai métier, tu ne mourras jamais de faim". Joël Abati a fini par suivre ces conseils. Il est parti faire son service militaire en région parisienne à Joinville où il a continué activement le handball. Il a intégré différents clubs, Saint-Michel sur Orge puis Levallois, Gagny et Créteil, tout en apprenant le métier de prothésiste dentaire. Une profession qu’il n’a pas longtemps exercée.
#2 Barjot, Costaud et Expert
En 1995, Joël Abati a été sélectionné pour la première fois en équipe de France contre la Biélorussie. Les Bleus s’appelaient alors les Barjots et ils avaient pour coutume de bizuter les petits nouveaux. Joël Abati n’a pas pu y couper. Son gage : chanter une chanson inventée par lui-même pleine de jurons à l’encontre de Daniel Constantini, le coach. Joël Abati s’en est sorti grâce au créole.
Après cette sélection, le handballeur a été recruté en 1997 à Magdebourg en Allemagne, le pays d’origine de ce sport collectif. Un peu inquiet au départ, Joël Abati est parti un an sans sa compagne, sans connaître alors un mot d’allemand. En Allemagne de l’Est après la réunification, il y avait des problèmes de chômage et de racisme aussi. Mais Joël Abati est parvenu à se plaire à Magdebourg.
Il se souvient encore de sa professeure d’allemand, très douée pour la pédagogie, mais moins pour la cuisine. Or à chaque fois que le handballeur venait en cours, elle se faisait une joie de lui préparer un gâteau "pas terrible" que Joël Abati mangeait invariablement sans broncher. A Magdebourg, le champion a aussi eu le bonheur d’assister à la naissance de sa fille aînée Paola, premier bébé de la ville en 2000. A la fin de son séjour en Allemagne, le handballeur a même été élu par la population ambassadeur de la ville de Magdebourg.
Pendant qu’il était encore en Allemagne, le sélectionneur des Bleus, Daniel Constantini, a fait appel à Joël Abati pour participer au Mondial de handball de 2001. La France y a fait un magnifique parcours. La finale s'est tenue à Bercy face à la Suède dans une ambiance survoltée devant Jacques Chirac et Lionel Jospin réunis. Un souvenir inoubliable pour Joël Abati qui à la fin du match a crié "Alléluia" ! Tous les autres joueurs lui ont répondu sans sourciller "Alléluia" ! Il faut préciser que dans l’équipe de France, Joël Abati se faisait appeler Jo le Révérend. Il n’a jamais fait mystère de sa foi et de sa pratique au sein des adventistes du 7e jour.
En 2006, les Bleus ont gagné le championnat d’Europe en Suisse. Fini l’époque des Barjots remplacés par les Costauds. Et en 2008, les Costauds ont enflammés les Jeux olympiques de Pékin. Lors des JO d’Athènes, quatre ans auparavant, la France n’avait pas brillé en handball, mais en Chine, c’était une tout autre histoire. Joël Abati a participé à cette belle aventure qu’il raconte dans #MaParole.
#3 La vie à Montpellier
C’est à Montpellier chez ses amis de Tropic auto que Joël Abati a accepté de nous raconter son parcours. Dans un petit bureau très chaleureux rempli de souvenirs de la Martinique attenant à un immense hangar qui abritait des petits avions, le handballeur s’est livré sans fioritures et avec un rire contagieux
Joël Abati n’a pas oublié la finale des Bleus face à la Suède aux JO de Pékin en 2008. Au coup de sifflet final, Jo le Révérend a entonné un cantique suivi par ses co-équipiers sous le regard amusé des Chinois. Le soir, il a dormi avec sa médaille, comme il en a l'habitude.
Après les Jeux olympiques, Joël Abati a choisi pour des raisons familiales de rejoindre le club de Montpellier. Il avait annoncé sa retraite internationale, mais finalement, Claude Onesta l’a rappelé en 2009 en équipe de France pour le Mondial. Son dernier Mondial qui a encore vu la France gagner. Le handballeur a terminé en beauté sa carrière internationale.
Après la retraite sportive, en 2010, il s’est lancé en politique en se présentant aux Régionales sur la liste de Georges Frêche dans le Languedoc-Roussillon. Georges Frêche, l’homme politique qui a laissé une forte empreinte à Montpellier, était du genre autoritaire. Mais avec le handballeur, les relations étaient sereines. Élu questeur chargé de la jeunesse et des sports au Conseil régional du Languedoc-Roussillon, Joël Abati n’a fait qu’un mandat et a gardé de bons souvenirs de cette expérience.
En 2011, une cérémonie en l'honneur de Joël Abati a été organisée en Martinique par la fédération de handball de l'île, en présence des quinze écoles locales. Jackson Richardson était là. Une immense fresque représentant Joël Abati, balle à la main sur un immeuble de son quartier, a alors été inaugurée. Le handballeur en garde un souvenir ému.
Prise de son : Bruno Dessommes.
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♦♦ Joël Abati en 5 dates ♦♦♦
►25 avril 1970
Naissance à Fort-de-France
►1er janvier 2000
Naissance de sa fille Paola à Magdebourg
►22 novembre 1995
Première sélection en équipe de France
►2008
Médaille d'or aux JO de Pékin
►21 mars 2010
Elu questeur chargé de la jeunesse et des sports au Conseil régional du Languedoc-Roussillon