Joséphine Baker au Panthéon : suivez en direct la cérémonie nationale

Cérémonie de panthéonisation de Joséphine Baker
Quarante-six ans après sa mort en 1975, Joséphine Baker revient en pleine lumière en entrant au Panthéon. A la fois artiste de music-hall, résistante et militante antiraciste, son cénotaphe sera placé à côté de l’écrivain Maurice Genevoix. Suivez notre direct à partir de 16h50 (heure de Paris).

Toute sa vie, elle aura fait preuve d’une liberté et d’une résistance hors du commun. Même après sa mort, Joséphine Baker défie le temps. Son histoire, sa force, sa liberté, son talent ont permis de braver les époques et de revenir aujourd’hui à la lumière. Joséphine va donc être la sixième femme à faire son entrée au Panthéon après Simone Veil en 2018. Elle est aussi la première femme noire. "Ça va être mémorable" avec de "la joie et de l'excitation", espère Brian Bouillon-Baker, l'un des 12 enfants adoptés par Joséphine Baker, dont 11 sont toujours vivants. 

►Une cérémonie à suivre ci-dessous à partir de 16h50 (heure de Paris).

DIRECT. Joséphine Baker entre au Panthéon

Une enfance très pauvre

Environ 2000 personnes ont été invitées à la cérémonie de panthéonisation dont de nombreux collégiens et lycéens qui écouteront le discours d’Emmanuel Macron devant les portes du Panthéon. Le chef de l'État rendra hommage à cette "artiste de renommée mondiale, engagée dans la Résistance, inlassable militante antiraciste" qui "fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France comme de par le monde". "Elle est l'incarnation de l'esprit français", a proclamé le chef de l'Etat en annonçant le 23 août son entrée au Panthéon.

La dépouille de Joséphine Baker ne sera pas au Panthéon. Sa famille a décidé de la laisser reposer dans le cimetière marin de Monaco, aux côtés de son dernier mari et de l'un de ses enfants, non loin de la princesse Grace qui l'avait soutenue dans les dernières années de sa vie. C'est donc un cénotaphe, tombeau ne contenant pas le corps, qui sera installé dans le caveau 13 de la crypte, où se trouve déjà l'écrivain Maurice Genevoix, entré au Panthéon l'an dernier.

Joséphine Baker est née le 3 juin 1906 dans une famille pauvre de Saint-Louis du Missouri. Sa mère, était amérindienne noire et son père d'origine espagnole. Longtemps placée comme domestique dans des familles blanches, elle y a vécu l’enfer. Dans un documentaire diffusé sur Arte, Joséphine Baker-première icône noire,  on apprend que l’une de ses patronnes lui avait plongé les mains dans l’eau bouillante car elle avait cassé de la vaisselle. Joséphine Baker rêvait de devenir danseuse. A l’adolescence, elle s’est embarquée dans une troupe de théâtre itinérante. A Broadway où elle se produisait, elle a fait la connaissance d’une impresario qui lui a proposé de se produire en France. Joséphine Baker a rejoint Paris à 19 ans pour tenter sa chance. En 1925, elle a donc fait ses débuts au théâtre des Champs Elysées dans La revue nègre.

La tribu arc-en-ciel

Interviewé par Kevi Donat, guide, conférencier du Paris noir, dans Histoire de..., l’historien Frédéric Régent salue la mémoire de cette artiste et militante : "C’est une figure de couleur. Un certain nombre de personnes originaires d’Outre-mer peuvent s’identifier. C’est une figure importante de la culture, elle représente les années folles. Elle représente aussi la résistance. Et puis aussi la lutte contre le racisme. Elle a participé au mouvement des droits civiques aux États-Unis. Dans sa vie, elle a adopté des enfants de différentes origines".

Lisette Malidor - Martiniquaise et meneuse de revue que l’on a surnommée la nouvelle Joséphine Baker - a rencontré la grande artiste. "C’est une résistante, une femme libre. Pour moi c’est une féministe, elle a montré son corps. Elle a dit : 'voilà j’ai montré mon corps, mais maintenant je vais faire autre chose'. Elle s’est engagée pour les autres. Elle a adopté des enfants différents. Elle a voulu que le monde entier se retrouve dans les choix de ses enfants de toutes les couleurs".

 

En 1926, aux Folies Bergères dans la revue La folie du jour, Joséphine Baker s’est produite pour la première fois avec sa fameuse ceinture de bananes "un véritable fantasme colonial ambulant", selon Kevi Donat.  Elle y dansait le charleston et ce fut un immense succès. Elle a alors ouvert son propre lieu Chez Joséphine à Pigalle. Sa carrière a été émaillée de tournées en Europe et de succès. Son titre J’ai deux amours a été un tube de l’entre-deux guerres. En 1934, elle a joué au cinéma dans Zou Zou aux côtés de Jean Gabin. Tout semblait lui réussir. Mais en 1936, son amoureux, Guiseppe Abatino est mort d’un cancer. Elle s’est ensuite mariée à un riche industriel Jean Lion, mais le mariage a tourné court au bout d’un an. La presse s’intéressait de près à la vie de cette femme libre dans un monde alors très patriarcal. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker a œuvré pour la résistance incarnée par le général de Gaulle. Elle était espionne. A la fin de la guerre, elle a d’ailleurs été médaillée de la légion d’honneur et de la croix de guerre pour son action dans la résistance.  

Gaîté-Joséphine Baker

Aux États-Unis, elle s’est engagée aux côtés de Martin Luther King dans le combat en faveur des droits civiques. Elle sera d’ailleurs la seule femme à prendre la parole lors de la marche de Washington en 1963, vêtue de son ancien uniforme de l’armée de l’air française et de ses médailles de résistante. Au château des Milandes, en Dordogne, elle a adopté douze enfants et créé sa tribu arc-en-ciel. Mais la suite a été rude pour la chanteuse. Joséphine Baker croulait sous les dettes. Elle n’avait plus d’eau au château des Milandes et du mal à faire vivre sa famille recomposée.

En 1975, Joséphine Baker a effectué son grand retour sur scène à Bobino rue de la Gaîté à Paris. Mais quelques semaines après le début du spectacle, elle a été victime d’une hémorragie cérébrale et s’est éteinte trois jours plus tard, le 12 avril 1975 à l’âge de 68 ans. Lors de son enterrement à la Madeleine, une foule nombreuse est venue lui rendre hommage. En hommage à cette grande dame, le ministre des Transports a décidé de renommer la station de métro Gaîté à Paris, Gaîté-Joséphine Baker.