Annoncée ce mardi par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, la réforme du statut des agents pénitentiaires, profession qui compte beaucoup d'Ultramarins dans ses rangs, se précise. Le garde des Sceaux est resté fidèle aux premières annonces révélées en février dernier, ce qui avait suscité la satisfaction des syndicats des surveillants de prison.
Qualifiée d'"historique", cette mesure vise à rendre plus "attractifs" les métiers de la pénitentiaire, alors que les 15 000 nouvelles places de prison ont été annoncées d'ici à 2027 pour lutter contre la surpopulation carcérale, nécessitent un important recrutement. "C'est une bonne nouvelle, car le chiffre de la surpopulation carcérale ne fait qu'augmenter. Il fallait une avancée en matière de restructuration des établissements pénitentiaires", ajoute le Réunionnais Cédric Boyer, membre du syndicat FO Pénitentiaire.
Il y aura beaucoup de projets en Outre-mer, par exemple en Guadeloupe, la maison d'arrêt de Basse-Terre est en restructuration et le centre pénitentiaire de Baie-Mahaut est en cours d'agrandissement. Il y a aussi un projet sur Mayotte, en Guyane pour plus de places.
Cédric Boyer, FO Pénitentiaire
Prime d'indemnisation doublée
Le syndicaliste souligne aussi une "avancée historique" sur le changement de statut des agents : le corps des surveillants pénitentiaires passe en catégorie B et celui des officiers en catégorie A, ce qui implique notamment une grille de salaires revalorisée et un meilleur pouvoir d'achat. Une augmentation salariale de 216 euros par mois en moyenne par rapport au 1er janvier 2022 sera accordée aux surveillants du premier grade et la prime d'indemnisation pour charges pénitentiaires sera doublée pour passer de 1 869 euros annuels à 3 835 euros en 2026.
"Le changement de catégorie est une forme de reconnaissance par rapport aux diverses missions que l'on exerce au sein de l'administration pénitentiaire. Ça permettra d'avoir un meilleur déroulé de carrière aussi", indique Cédric Boyer.
Cette évolution permet également un avancement de carrière dû à l'ancienneté plus rapide, avec un passage du premier au troisième grade en neuf ans, contre treize aujourd'hui, a détaillé le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. La mesure concerne 28 000 des quelque 40 000 agents pénitentiaires.
Recrutement d'agents contractuels
La loi pour la réforme de la justice, votée le 18 juillet, va également permettre de recruter des agents contractuels en catégorie C pour "seconder" les titulaires et pallier un éventuel manque de personnel pénitentiaire dû au changement statutaire.
"Ces contractuels feront des tâches différentes des agents pénitentiaires, vont les aider au quotidien, ce qui permettra aussi aux agents de se concentrer sur leur métier", assure l'entourage du ministre de la Justice. Les contractuels auront la possibilité de passer un concours interne pour devenir agent pénitentiaire. "Ce seront des agents recrutés sur des postes vacants, après les campagnes de mutations", complète Cédric Boyer.
La réforme entrera en vigueur début 2024.