L'engagement de passionnés de Saint-Pierre et Miquelon pour la préservation des baleines à bosse

Collision avec les bateaux, pollution, empêtrement dans les engins de pêche, les menaces qui pèsent sur les baleines à bosse sont nombreuses. Caroline Marie nous emmène au large de Saint-Pierre et Miquelon observer ces mammifères extraordinaires qui sont aujourd’hui une espèce protégée.

Caroline Marie donne la parole à des passionnés et des scientifiques qui travaillent à repérer et protéger les populations de baleines à bosse de Saint-Pierre et Miquelon aux Antilles.

Baleine à bosse

Observer et identifier chaque mammifère marin

Il faut savoir que chaque queue de baleine est unique. C'est comme les empreintes digitales. Quand tu vois une queue noire avec telle tache, 10 ans après tu va retrouver la même tache au même endroit.

Joël Detcheverry dit Coco

Afin de définir les routes empruntées par les baleines à bosse, des spécialistes font de la photo-identification. Ces derniers photographient la nageoire caudale des mammifères marins. C'est un exercice difficile car la nageoire arrière, la caudale, n'apparaît que quelques secondes lorsque la baleine sonde, c'est-à-dire plonge après être revenue à la surface respirer. Il faut que le photographe soit donc bien positionné et prêt à cet instant pour réaliser son cliché. 

Ensuite les images sont comparées à celles déjà prises sur place et sauvegardées dans une base de données. Parmi les 1 500 clichés de Saint-Pierre et Miquelon, les baleines qui reviennent régulièrement sont repérées. Ces passionnés de la faune marine croisent leurs données avec d'autres spécialistes sur toute la grande région : au Canada, aux Etats-Unis et aussi aux Antilles. En identifiant la même baleine à plusieurs endroits différents on peut tracer sa route migratoire.

Les baleines à bosse qui sont dans le fleuve Saint-Laurent en été passent par Saint-Pierre et Miquelon, la côte Est des Etats-Unis puis vont aller dans la Caraïbe : Guadeloupe, Martinique, République dominicaine.

Lyne Morissette, biologiste marine

Mieux connaître ce cétacé exubérant

La baleine à bosse se nourrit de krill, plancton et petits poissons dans les eaux froides et polaires puis entame une migration de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres pour atteindre les eaux chaudes tropicales antillaises qui constituent son aire de reproduction. Suite à l’accouplement, la gestation dure 11 à 12 mois que la femelle passe à s’alimenter dans les eaux froides. Elle donne ensuite naissance, dans les eaux tropicales, à un unique petit pesant tout de même 700 kg qu'elle allaitera pendant environ 1 an. Elle pourra redonner naissance à un petit 2 à 3 ans plus tard. La baleine à bosse est une grande migratrice.

Carte des routes migratoires des baleines à bosse

Les baleines à bosse dans le Sud, ne mangent pratiquement pas pendant plusieurs mois parce qu'elles sont occupées à s'accoupler, à mettre bas, etc. Comme c'est un mammifère, elles allaitent le jeune, elles ont encore assez d'énergie pour remonter dans nos eaux pour se nourrir. Quand elles remontent par ici (l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon, ndlr.) ce sont des machines à manger. Elles ont besoin de refaire de la graisse pour passer l'hiver suivant.

Roger Etcheberry, écologue basé à Saint-Pierre

Des mesures de protection aboutissent

Les spécialistes se rejoignent sur la nécessité de travailler ensemble pour sécuriser les migrations des cétacés.

Le plus gros problème actuel est les collisions avec les bateaux. À cela s'ajoute l'empêtrement dans les filets de pêche, la pollution ou l'émission de bruit sous-marin. Les activités humaines telles que la pêche, le trafic maritime ou encore le tourisme se déroulent dans les zones d'habitat du grand cétacé. Les interactions engendrées par les humains sont fréquentes et peuvent être négatives pour la mégafaune marine. Les itinéraires de migration pourraient évoluer, ce qui ne serait pas sans conséquence sur la santé de l'océan.

Plusieurs dangers menacent les baleines à bosse lors de leur migrations.

Aux Antilles, le sanctuaire Agoa est une aire marine protégée dédiée à la préservation des mammifères marins. C'est un début de réponse pour protéger les baleines à bosse.

Pour aller plus loin

Retrouvez ici d'autres épisodes de Terre Outre-mer, qui abordent les questions environnementales auxquelles sont confrontés les départements et territoires d'Outre-mer.

Réalisation et animation : Valentine Dubois
Autrice et voix : Caroline Marie

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