La protection de l’espace maritime polynésien, un enjeu économique et environnemental

Vue de Tetiaroa en Polynésie française
Dans son rapport publié récemment, la Cour des comptes dévoile ses observations sur la gestion et la protection de l’espace maritime polynésien. En plus de susciter des convoitises économiques chinoises, cette zone hautement stratégique est une réserve environnementale précieuse.

280 000 habitants, 4.5 millions de km2 et 118 îles. Autour, l’archipel polynésien possède des eaux riches en ressources biologiques et minérales, qui se regroupent dans une zone économique exclusive (ZEE). La Polynésie a donc un droit en matière d’exploitation des ressources, mais l’État a également son mot à dire. Dans son rapport la Cour des comptes a émis dix recommandations pour aider le territoire polynésien à valoriser et à préserver son patrimoine maritime.

Appliquer la stratégie du CIMer 2021 

Le comité interministériel de la mer (CIMer) permet de fixer des objectifs à long terme dans le domaine de la mer. Le 22 janvier 2021, l’une des ambitions prises par le comité était tournée vers la Polynésie : le gouvernement veut opérer plusieurs campagnes d’exploration des grands fonds marins polynésiens (campagnes océanographiques), pour accéder à des métaux rares, mais aussi pour découvrir d’autres richesses sous-marines. Cette décision devrait se concrétiser en 2022 par une convention avec la Polynésie française.

Protéger et développer  

Le patrimoine naturel de Polynésie est reconnu mondialement, notamment pour abriter le plus grand sanctuaire de mammifères marins, dans un domaine océanique encore bien préservé. Pour la Cour des comptes, il est essentiel de continuer à développer et protéger la ZEE de Polynésie. Elle recommande de  "délimiter au sein de la ZEE de Polynésie française des espaces protégés permettant le respect des engagements nationaux » en matière de développement durable". Une fois mis en place, ces espaces auront vocation de lutter contre la pollution sous toutes ses formes (plastiques, hydrocarbures, bruit sous-marins…) et à reconstituer des "stocks" de poissons pour une pêche durable d’ici à 2030. Une étroite communication avec les associations locales polynésiennes est suggérée.  

Un équilibre fragile 

En plus d’une multitude d’acteurs locaux et nationaux, s’ajoute les investisseurs chinois. La Chine aimerait avoir un pied dans l'affaire fructueuse qui se niche dans les eaux polynésiennes. Le weekend dernier, un article du Monde révélait le projet d’un investisseur chinois voulant construire une ferme aquacole industrielle à Hao, en dépit des risques environnementaux et de la préservation de la mer.

Dans le sillage des recommandations de la Cour des comptes, un sommet international sur l’Océan se tiendra à Brest du 9 au 11 février. Pour contrer les menaces de pollution ou encore liées à la surpêche, les acteurs scientifiques, politiques et institutionnels tenteront de trouver des solutions pour mieux protéger et restaurer les océans. Le président de la Polynésie, Edouard Fritch sera présent et devrait intervenir sur ces nouvelles mesures de protection de la ZEE.