Langues autochtones : péril en la demeure [DECRYPTAGE]

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L’Unesco a lancé officiellement le 28 janvier 2019 l’année internationale des langues autochtones. Ces langues sont particulièrement menacées. En France où l'on compte officiellement 75 langues, plus de la moitié sont des langues autochtones. Elles sont environ 45 Outre-mer. 
2019 est l’année des langues autochtones, ainsi en a décidé l’Unesco. Car pour cette Organisation des Nations unies, la situation des langues autochtones est très grave. Toutes les deux semaines selon l’Unesco, une langue autochtone disparaît de la surface de la planète. Et où trouve-t-on le plus de langues autochtones en France ? Et bien Outre-mer.
 

Qu’est-ce qu’une langue autochtone ? 

Sur les 75 langues de France reconnues officiellement, l’Outre-mer compte environ 45 langues autochtones. Qu’est-ce qu’une langue autochtone ? 
C’est une langue parlée par les peuples premiers d’un territoire avant la colonisation. Les créoles n’en font donc pas partie.
 

Journaux télévisés

De nos jours, trois chaînes locales de France Télévisions, les 1ères proposent leurs journaux télévisés en Français mais aussi en Wallisien sur Wallis et Futuna La 1ère, en Shimaoré, la langue de Mayotte et en Tahitien sur Polynésie La1ère. 


En voie de disparition

En Nouvelle-Calédonie, pas de journal en langue autochtone car il y a 28 langues kanak. Plus de la moitié sont (17) en danger de disparition selon l’Unesco. Ainsi Le Sishë parlé dans la région de Moindou a quasiment disparu, faute de locuteur. En février 2014, dans un reportage de NC la 1ère, Justine Sanon, l'une des dernières locutrices de Sishë déclarait : "Ça fait mal parce qu’il y a plus personne pour le parler. Je parle toute seule, c’est malheureux à dire. Dès fois je parle au chat, j’ai deux chats". 


Langues inscrites en option au Bac

En revanche, depuis 1992, quatre langues kanak sont inscrites en option au Baccalauréat. Il s’agit du paicï, du ajië, du nengone et du drehu. Cette dernière est la langue kanak la plus répandue, originaire de Lifou, et parlé par 9 000 personnes. Dans le collège de Kiouto, on étudie le drehu à raison de 2h30 de cours par semaine. Pour les élèves, c'est une chance. "Mes tontons ont épousé des femmes de Lifou. Et puis leurs enfants parlent Lifou (drehu), j’aimerais apprendre", déclarait dans un reportage de NC la 1ère un élève de 5e. "Maintenant je sais que les mois ont une signification, les jours aussi, avant je ne savais pas", ajoute une autre élève. 
 

Langues amérindiennes

La Guyane est le département français où l’on trouve le plus de langues dont 6 amérindiennes. L’Arawak, l’émérillon, le Kali’na, le palikur, le wayana et le wayampi. Ces langues autochtones sont parlées par moins de 5% de la population guyanaise. Pendant longtemps, elles ont été négligées. Mais depuis la fin des années 90,  des intervenants en langue maternelle viennent aider les enfants  comme ici au village wayana d’Antécum-Pata. Ici 79 écoliers peuvent étudier en français et en wayana, leur langue maternelle. Ce qui leur donne confiance en eux. 
 

Le tahitien et les jeunes

En Polynésie, il y a 7 langues polynésiennes, la plus parlée étant le Tahitien. Depuis 1982, leur enseignement est prévu au programme.
Mais les jeunes parlent de moins en moins Tahitien à la maison. "Je trouve que la langue se perd donc Je vois pas trop l’utilité de parler Tahitien. Parce qu'on entend plus trop la langue, on parle plus français que tahitien", témoignait une jeune femme dans un reportage de Polynésie la 1ère.


La pratique du Orero

Pour revaloriser ses langues, La Polynésie a développé l’apprentissage du Orero. Le Orero c’est l’art de déclamer un discours. Chaque année, des concours sont organisés entre les écoles de Polynésie. L’art oratoire un bon moyen de sauver les langues autochtones qui en ont bien besoin et comme on dit en Shimaoré : « Un seul doigt ne tue pas un pou ». Ce qui signifie en français : l’Union fait la force !