Le cécifoot, le combat d’une vie pour le Martiniquais Julien Zéléla

Aux pieds de la tour Eiffel, Julien Zéléla porte avec fierté trois coups au sol à l’aide d’un bâton pour annoncer le début du match. Boum ! Boum ! Boum ! Trois déflagrations de bonheur pour le Martiniquais. À 61 ans, l’enfant du Lorrain effectue ce protocole si particulier d’inspiration théâtrale avant la finale du cécifoot de Paris 2024. Sur chaque site de l’Olympiade, le coup d’envoi des épreuves est précédé par ce rituel. À tout créateur, tout honneur. Le fondateur et le président du cécifoot en France donne une dimension solennelle et cérémoniale à l’événement. Ce sport est le combat d’une vie pour le malvoyant.

Lorsque les Bleus signent un véritable exploit en remportant la première médaille d’or de leur histoire, début septembre 2024 "un sentiment de fierté et du travail accompli" envahit Julien Zéléla.

Le père du cécifoot en France

Pendant neuf ans, il se bat pour que ce sport développé au Brésil débarque en France. En 1987, le cécifoot arrive dans l’Hexagone sous l’impulsion de l’Antillais. Il crée le club de Saint-Mandé dans le Val-de-Marne, première infrastructure à accueillir la discipline. Il met tout en œuvre pour que la pratique soit reconnue publiquement par la fédération handisport. Fin 1998, le tout premier championnat de France débute officiellement. Deux ans plus tard, c’est au tour de la coupe nationale.

207 000 malvoyants profonds et aveugles sont recensés en France en 2020. 500 licenciés pratiquent le football à cinq déficients visuels.

Le football et la musique, les deux passions de Julien Zéléla

Fan du ballon rond, dès sa tendre enfance, Julien pratique le football. Mais très tôt, à 9 ans, on lui diagnostique une dégénérescence de la rétine. C’est l’arrêt des entraînements et des matchs. Il s’accroche à sa scolarité et décroche un baccalauréat en comptabilité. Le mélomane s’investit dans la musique, une véritable passion familiale. Il quitte sa Martinique natale et rejoint à Paris un établissement spécialisé.

Peu après son arrivée, le Lorrinois perd définitivement la vue. Dans la cour de récréation de l’institut des malvoyants et des aveugles, Julien est à la tête d’un groupe d’élèves qui manie un ballon de foot recouvert d’un sac de plastique de supermarché. Cette matière émet des sons, véritables repaires pour les participants. Ils croisent régulièrement les crampons et décident de structurer la discipline. Les jeunes hommes s’entraînent deux fois par semaine sur les terrains de handball de la commune de Saint-Mandé. En 1987, Julien crée le premier club de France, l’AS Cécifoot Saint-Mandé. Actuellement, neuf équipes disputent le championnat national. 4 joueurs de champ et un gardien valide disputent 2 périodes de 20 minutes.

Parallèlement, il poursuit brillamment des études de musique en braille. Il exerce le métier d’accordeur de piano et obtient un CAPES de musicologie. De 1994 à 2017, il enseigne à l’Institut National des Jeunes Aveugles.

Dernier objectif de Julien Zéléla : développer le cécifoot en Outre-Mer

Pratiqué en Espagne dès les années 1920, le football à cinq déficients visuels se développe au Brésil dans les années 60. Il faudra attendre 1998 pour la reconnaissance de cette discipline en France.

En 2004, il fait officiellement son entrée aux Jeux paralympiques d'Athènes. Les Bleus prennent la 5ᵉ place.

Triple championne d'Europe en 2009, 2011 et 2022, vice-championne paralympique en 2012 à Londres, l'équipe de France obtient pour la première fois le titre paralympique lors des Jeux de Paris 2024, pour la plus grande joie de Julien Zéléla. Son prochain objectif est de développer le Cécifoot en Outre-Mer.

On écoute Julien Zéléla qui revient sur les débuts de cécifoot en France