"Le sujet n'est pas abouti, et il nous faut encore travailler", a admis Jean-François Carenco, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale ce 12 juillet, à propos des sargasses. "C'est pour cela qu'à la demande du ministre Darmanin, je me rendrai à la Guadeloupe et à la Martinique dès la semaine prochaine", a ajouté le ministre chargé des Outre-mer auprès du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, précisant que les sargasses seront "un sujet de travail" lors de ce déplacement.
Il s'agira du deuxième déplacement de Jean-François Carenco en Outre-mer, après le premier effectué à La Réunion les 8 et 9 juillet aux côtés de Gérald Darmanin. Tous deux se rendront également en Nouvelle-Calédonie à partir du 26 juillet.
"Le gouvernement a conscience de ce problème et de ses impacts nombreux sur la biodiversité, le tourisme, le cadre de vie et surtout des inquiétudes sur les effets des émanations de gaz sur la santé", a-t-il assuré, en référence à une étude récente qui pointe une possible précocité des pré-éclampsies chez les femmes enceintes vivant à proximité des algues sargasses. Un problème de circulation du sang au niveau du placenta, potentiellement mortel pour la mère et pour l'enfant.
"Il s'agit des premiers résultats que nous regardons avec attention et qu'il conviendra de corréler avec de nouvelles études", a commenté le ministre délégué.
Cette étude réalisée par le CHU de Martinique avait été citée quelques minutes plus tôt dans l'hémicycle par le député martiniquais Jiovanny William. "En accordant des crédits dérisoires, vous n'apportez aucune solution pour faire face à ce phénomène", a dénoncé l'élu du groupe GDR-NUPES. "Jadis, le ministre Nicolas Hulot à votre place disait la même chose : 48 heures pour ramasser les algues sargasses. Aujourd'hui, où en sommes-nous ? Les gens souffrent et nous vous attendons sur ce sujet."
Aucun de nos compatriotes n'acceptera de nouveau scandale sanitaire.
Jiovanny William
Mesures d'urgences
Présentes en masse depuis une dizaine d'années sur les côtes de la région Caraïbe, les algues sargasses dégagent de l'hydrogène sulfuré lors de leur décomposition. Au-delà de la gêne liée aux odeurs, les algues sargasses retiennent également les métaux lourds comme l'arsenic et le cadmium, indique l'Anses. Un "risque pour la santé humaine et l'environnement" et une source d'inquiétude pour les riverains qui se plaignent de maux de tête, de sensation de brûlures aux yeux et sur la peau, mais aussi de dégradations des appareils électroménagers exposés au gaz.
Un "danger désormais quotidien", a alerté Jiovanny William. "Les ministères concernés, en lien avec les ARS et les préfets, se penchent actuellement sur d'éventuelles mesures à prendre en urgence, notamment en matière d'information des femmes enceintes et de mise en protection", a assuré Jean-François Carenco.
L'échouement des algues sargasses "constituent une nouvelle preuve des effets du changement climatique", a rappelé le ministre délégué aux Outre-mer, égrenant les budgets alloués et les aides mises en place pour aider les communes concernées au ramassage. "Mais le sujet n'est pas abouti et il nous faut encore travailler", a-t-il admis.