Le quartier "La Négresse" de Biarritz peut conserver son nom, juge le tribunal administratif de Pau

L'un des commerces du quartier de la Négresse, à Biarritz.
Saisie par l'association mémorielle Mémoires et Partages, la justice a estimé jeudi 21 décembre que cette dénomination ne peut être vue comme "portant atteinte au principe de sauvegarde de la dignité humaine". Le quartier et la rue "La Négresse" n'ont donc pas à être débaptisés, selon les juges.

Pas de changement de nom pour "La Négresse" : le tribunal administratif de Pau a rejeté jeudi la requête de l'association Mémoires et Partages visant à faire débaptiser ce quartier de Biarritz, à l'intitulé "raciste et sexiste" selon elle.

Dans le jugement rendu, il est estimé que la dénomination de ce quartier et d'une rue de la ville ne peut être vue comme "une atteinte au principe de sauvegarde de la dignité humaine", en dépit de "l'évolution sémantique du terme 'négresse' vers une connotation péjorative".

"Ce terme est bien plus que péjoratif, il est raciste"

"C'est ahurissant, ce terme est bien plus que péjoratif, il est raciste. Personne ne peut contester qu'une dénomination à caractère raciste ne soit pas attentatoire à la dignité", a réagi l'avocat de l'association, Me William Bourdon, pointant une décision "timorée" du tribunal administratif palois "qui n'a pas pris ses responsabilités". Il annonce faire appel de la décision devant le Conseil d'État.

En 2020, l'association bordelaise Mémoires et Partages avait demandé à la maire de Biarritz, Maider Arosteguy, d'introduire à l'ordre du jour du conseil municipal l'abrogation de deux délibérations, celles fixant le nom "La Négresse" pour un quartier proche de la gare, en 1861, et une deuxième introduisant une nouvelle "rue de la Négresse" en 1986.

Or "la maire de Biarritz n'a pas commis d'erreur de droit en refusant" cette demande, a estimé le tribunal administratif.

S'appuyant sur l'historique du nom de ce quartier biarrot, qui voudrait que "La Négresse" soit un surnom donné par les soldats napoléoniens aux alentours des années 1812-1813 à une femme qui servait dans une auberge du quartier, le tribunal y a vu "une perspective mémorielle, en hommage à la personne considérée et à l'histoire locale" et non pas le but "de présenter de manière dégradante, humiliante ou avilissante une esclave ou descendante d'esclave à la peau noire ou de stigmatiser les membres d'une communauté pour un motif raciste".

Le tribunal a, en outre, relevé qu'il n'était pas établi que le nom "La Négresse" avait été de nature à heurter la sensibilité des habitants de la commune.