Babette de Rozières aura goûté à toutes les nuances politiques. Amie d'Anne Hidalgo, elle avait soutenu la candidate du Parti socialiste aux élections municipales de Paris. Proche de Valérie Pécresse, elle a été élue conseillère régionale d'Île-de-France aux côtés de l'ancienne candidate LR à la présidentielle. Elle avait d'ailleurs participé activement à sa campagne, avant de s'en retirer. Fâchée, elle s'était par la suite présentée aux élections législatives de 2022 en s'autoproclamant membre de la majorité présidentielle... sans avoir été investie.
Pour les élections législatives surprises de 2024, la cheffe cuisinière a décidé de virer à droite toute. Contactée par Outre-mer la 1ère, Babette de Rozières a annoncé qu'elle sera candidate dans la 7ᵉ circonscription des Yvelines, en région parisienne, sous les couleurs de l'alliance Les Républicains-Rassemblement national (LR-RN), confirmant les informations du JDD.
"Je suis très bien dans mes baskets, assure-t-elle par téléphone, interrogée sur son investiture par une alliance d'extrême droite. Je préfère une France qui vit, plutôt qu'une France qui meurt."
"Le vrai débat est entre Macron et les Français"
Ce revirement politique de l'ancienne animatrice de télévision sur France Ô et France 5 est avant tout une marque de désaveu à l'encontre, d'un côté, de son ancienne amie, et désormais ennemie jurée, Valérie Pécresse, et du gouvernement. "Le débat n'est pas la guerre des partis entre les LR et le RN (...). Le vrai débat est entre Macron et les Français", écrivait-elle cette semaine sur ses réseaux sociaux après la victoire de Jordan Bardella aux élections européennes.
Au vu des résultats de ce scrutin, où l'extrême droite (Rassemblement national et Reconquête) a reçu près de 40 % des suffrages à l'échelle nationale et a fait une percée exceptionnelle dans les territoires d'Outre-mer, Éric Ciotti, président des Républicains, a décidé, sans vraiment consulter les membres de son mouvement, de former une alliance avec Jordan Bardella aux législatives. Une virée à droite inédite pour le parti gaulliste, qui s'était toujours refusé à toper avec l'extrême droite.
L'annonce d'Éric Ciotti a déclenché un psychodrame assez pathétique au sein de la droite traditionnelle, qui peine, depuis 2017 et l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir, à retrouver sa place dans le paysage politique national. Le député des Alpes-Maritimes a été complètement désavoué par le bureau politique des Républicains et par un grand nombre de caciques de droite, dont le président du Sénat Gérard Larcher, ou encore les présidents de région Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Les unes après les autres, les fédérations départementales de LR se sont aussi désolidarisées de cette alliance jugée contre-nature.
L'étiquette LR-RN
Mais d'autres personnalités de droite trouvent cet accord bienvenu. "Pécresse ose traiter Ciotti de traite. Je rêve !", s'est égosillée Babette de Rozières sur ses réseaux sociaux alors que la droite se déchirait en direct à la télévision.
Exclu de son propre parti, Éric Ciotti revendique toujours la présidence de son mouvement, et présentera une soixantaine de candidats estampillés LR-RN aux législatives. La justice doit trancher pour déterminer si, oui ou non, il aura le droit de présenter des candidatures au nom des Républicains. Les LR opposés à l'accord avec l'extrême droite, présenteront, eux aussi, des candidats dans chaque circonscription.
Babette de Rozières, qui avait recueilli 2,91 % des voix aux législatives 2022 (elle s'était alors présentée dans la 9ème circonscription des Yvelines), devra donc affronter un candidat de droite, mais aussi la députée sortante et ancienne secrétaire d'État Nadia Hai, investie par la majorité présidentielle. "J'ai en ligne de mire les Outre-mer", précise celle qui espère bien décrocher un siège à l'Assemblée nationale. De l'autre côté de l'échiquier politique, le Nouveau Front Populaire présentera, lui, un ou une candidate issue du Parti socialiste. La campagne promet d'être tendue.