En Guadeloupe, 41% des habitations n'ont pas souscrit à une assurance multirisque habitation et 38% pour la Martinique. Ce taux s'élève à 51% pour la Guyane et 94% à Mayotte. Des chiffres très loin des 97% de ménages assurés dans l'Hexagone.
Dans les territoires ultramarins, les habitants sont peu assurés, et les assureurs se font rares. Une situation qui risque de se dégrader en raison de la multiplication des évènements climatiques dus au réchauffement climatique.
Un état des lieux
En mai 2023, Bruno le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ont lancé une mission "chargée d’élaborer un état des lieux et des recommandations sur l’évolution du système assurantiel français face aux enjeux posés par le dérèglement climatique".
Trois experts étaient à la tête de cette mission : Thierry Langreney, président de l'association environnementale "Ateliers du futur", Gonéri Le Cozannet, contributeur au 6ᵉ rapport d'évaluation du GIEC et Myriam Mérad, directrice de recherche au CNRS.
"Rééquilibrage financier"
En s'appuyant sur l'audition de 150 personnes du secteur assurantiel, de la recherche et des sciences du climat, les scientifiques livrent dans leur rapport 37 recommandations pour viser "le rééquilibrage financier du régime d'indemnisation des catastrophes naturelles". Une situation urgente puisque, comme l'a rappelé Christophe Béchu, "d'ici 2050 le coût des dommages liés au climat pourrait augmenter de 50%".
Pour atteindre cet objectif, le rapport préconise une "adaptation du modèle assurantiel, afin de préserver la mutualisation". Autrement dit, le gouvernement prévoit de mobiliser un système de "levier financier" afin que certaines zones ne soient pas "délaissées par le marché assurantiel". Un outil qui pourrait s'avérer utile dans les territoires ultramarins, touchés par ce phénomène de "désert assurantiel", que cherche à éviter Bruno Le Maire.
Un risque cyclonique incertain
Selon le rapport, ce système de "bonus-malus" pourrait s'appuyer sur une délimitation par zone en fonction du taux d'exposition aux risques climatiques. Les assureurs présents dans des zones peu exposées participeraient davantage au financement des mesures de prévention que les assureurs déployés dans les zones très exposées.
Dans un communiqué de presse, le gouvernement a annoncé la création d'un observatoire de l'assurance des risques climatiques pour "renforcer la transparence sur l'évolution des pratiques assurantielles". Au sujet du risque cyclonique, prégnant dans les territoires ultramarins, il est à ce jour impossible de "mesurer la progression des coûts des sinistres" en raison du manque d'éléments quantifiés.
Pourtant, les cyclones auront une intensité supérieure dans les années à venir, en raison du réchauffement climatique. Et les dommages causés par ces phénomènes climatiques représentent déjà une partie importante de l'indemnisation des catastrophes naturelles. Le cyclone Irma, qui a touché Saint-Martin et Saint-Barthélemy en 2017, constitue "le second évènement le plus coûteux pour le régime" depuis 1982.
Prévention et adaptation
Les experts comptent sur les progrès en modélisation des effets du changement climatique pour étudier les impacts des cyclones, mais aussi leurs effets en cascade tels que les vents, les submersions marines et les précipitations intenses. Des informations essentielles pour les assureurs et les particuliers, afin de connaître les risques et s'y adapter.
"Le renforcement de la prévention", le deuxième pilier de ce rapport, ainsi que les différentes mesures, seront détaillées à l'automne prochain, après des "travaux de consultation" avec l'ensemble des acteurs concernés. Ces préconisations devraient s'inscrire au sein du troisième Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC) porté par le gouvernement.