L'opération Wuambushu ("reprise" en mahorais) s'apprête à débuter à Mayotte dans les jours qui viennent, afin de déloger les migrants des bidonvilles et de les expulser. Si cette action lancée par Gérald Darmanin est dénoncée par les organismes humanitaires et des politologues comme François Vergès, les politiques sur place la soutiennent, à l'instar d'Estelle Youssouffa, députée LIOT de l'île.
Selon elle, "cette opération organisée par le ministère de l'Intérieur est faite à la demande des élus de Mayotte et de la population". Elle explique que "depuis 2018, la situation a empiré" à Mayotte où l'insécurité "a rendu l'île invivable, couplée avec une immigration hors de contrôle".
La députée affirme que "cette population se concentre dans les bidonvilles". Des lieux qu'elle qualifie d'"insalubres, dangereuses", des zones "de non-droit". Et d'ajouter : "La République doit reconquérir le terrain".
Un avis partagé par Mansour Kamardine qui soutient l'action du gouvernement "mais pas avec les termes 'anti-migrants'". "Nous soutenons l'opération qui est, en fait, une reconquête des espaces perdus de la République, assène-t-il. Mayotte, c'est l'impossibilité de sortir en raison des violences qu'on croise à tous les coins de rue, il n'y a plus de vie nocturne, plus de vie sociale... Il faut y mettre un terme."
"Des autorités qui n'ont pas de parole"
Le but de cette opération est de "démanteler les bandes organisées" ou encore "d'expulser les clandestins de Mayotte" notamment vers l'île voisine des Comores, dont ils sont pour une très grand majorité originaires. Mais le pays n'entend pas accueillir les personnes en situation irrégulière d'après le porte-parole du gouvernement de cet archipel de l'Océan Indien qui s'est exprimé sur le sujet.
"Quand on est un État debout on ne refuse pas ses ressortissants, tacle Mansour Kamardine. C'est regrettable aussi [...] d'avoir des autorités comoriennes qui n'ont pas de parole. Tout ça a été vu avec les autorités comoriennes, des accords ont même été signés en 2019."
"Il faudrait que ces personnes puissent rentrer chez elles où elles seront sans doute mieux que dans les conditions dans lesquelles elles sont à Mayotte, parce que l'île n'a pas la capacité d'accueillir les uns et les autres", assure-t-il. Mais Mayotte attire, car même s'il est le département le plus pauvre de France, son PIB reste huit fois supérieur à celui des Comores.
Début de l'opération "lundi ou mardi"
D'après Estelle Youssouffa, cette opération "doit commencer en début de semaine, lundi ou mardi". Concernant le dispositif qui va être mis en place et le déploiement de 1.800 policiers et gendarmes, elle se montre là encore favorable : "Si les forces de l'ordre sont l'objet de beaucoup de controverses dans l'Hexagone, à Mayotte, elles sont accueillies avec soulagement et gratitude. On a besoin de l'ordre républicain".
La députée explique d'ailleurs qu'elle souhaiterait que ces forces se pérennisent par la suite : "C'est pour ça que dans la loi de programmation militaire j'ai demandé qu'on puisse déployer un bâtiment de la marine nationale de manière permanente pour protéger notre frontière". La députée espère également "que cette opération Wuambushu se renouvellera puisque la cible n'est qu'une fraction du problème des bidonvilles à Mayotte".
Contrôle des frontières
Surtout, la solution pour l'élue se trouve dans le fait de fermer les frontières "pour empêcher que celles et ceux qui sont expulsés reviennent le lendemain par bateau. Environ 100 personnes accoste chaque jour illégalement à Mayotte par bateau", conclut-elle.
"Il faut également avoir vraiment un contrôle de nos frontières, enchérit Mansour Kamardine. Il faut doter Mayotte des mêmes forces que tout le monde. Il faut que le territoire fonctionne comme n'importe quelle région française."
Mais le député LR n'oublie pas qu'il est aussi président du groupe d'amitiés France-Comores : "Il faut aussi continuer à tendre la main aux Comores qui est un pays ami pour qu'il se développe."