Les énergies marines renouvelables au point mort Outre-mer

Projets d'énergies marines Outre-mer
Seanergy, le salon des professionnels des énergies marines renouvelables ouvre ses portes à Biarritz. L’Outre-mer aurait logiquement toutes les qualités pour abriter des projets. Pourtant, en Martinique, à La Réunion ou en Polynésie, les énergies marines n’ont pas le vent en poupe.
Grâce à l’Outre-mer, la France possède le deuxième espace maritime au monde. Et pourtant en matière d’énergie marine renouvelable, l’Outre-mer ne brille pas par son dynamisme. La climatisation par l’eau profonde, les hydroliennes, les éoliennes en mer ou encore l’énergie thermique des mers sont encore bien peu implantées localement. Pire, des projets d’envergure sont peu à peu abandonnés. Alors que le 17e salon des professionnels des énergies marines, Seanergy, ouvre ses portes à Biarritz ce mercredi, La1ère.fr a dressé un panorama de la situation :


#1 Martinique : l’abandon de Nautilus

En Martinique, du côté de Bellefontaine au sud de Saint-Pierre, la PME Akuo Energy a lancé deux projets ambitieux.  Il y a d’abord NEMO, une centrale flottante dont l’objectif est de fabriquer de l’électricité grâce au différentiel de température qui existe entre les eaux de surface et les eaux profondes et puis il y a Nautilus. Deux projets novateurs qui valorisaient l’énergie thermique des mers.
 
NEMO, projet de centrale off-shore d'énergie thermique des mers en Martinique

"La Martinique est le lieu idéal pour mettre en place ce type de centrale, expliquait Jean Ballandras, directeur énergies marines d’Akuo, car la température des eaux de surface est toujours supérieure à 25° et l’eau en profondeur est à 5°. Cet écart de 20°, c’est la clef de tout. C’est ce qui permet d’avoir la performance pour créer cette énergie".
 
En revanche le projet Nautilus, lui, a capoté. Akuo Energy vient de confirmer l’abandon de ce beau projet. Il reposait sur le même principe que NEMO, mais à terre. Or pour des raisons environnementales, le projet qui se trouvait à proximité du sanctuaire marin a été abandonné. L’impact environnemental des canalisations à mettre en place a été jugé trop important sur les fonds océaniques. "On ne pouvait pas concilier l’efficacité industrielle et technologique avec les exigences que nous avions fixé dès le début sur le respect environnemental associé à ce projet" constate Jean Ballandras. Mais Akuo n’exclut pas de développer ce projet sur un autre site.


#2 Polynésie : le SWAC en mauvaise passe

La Polynésie était la pionnière en France en matière de SWAC (Sea water Air conditionning). Cette technique permet de climatiser des bâtiments en utilisant l’eau froide des profondeurs de la mer. La première centrale de climatisation (SWAC) est en activité à Bora Bora, à l’hôtel Intercontinental depuis 2006. Malheureusement le système a des ratés. Après dix ans d’utilisation, il est tout simplement tombé en panne en avril dernier.
 
Ce dispositif malgré tout  innovant a été mis en place dans un autre hôtel d’un site emblématique de la Polynésie : Tetiaroa, l’île de Marlon Brando. Les autorités polynésiennes ne manquent pas de faire visiter à tous leurs invités de marque cet hôtel dit écologique.

Tetiaroa
 
Le SWAC a donc le vent en poupe en Polynésie, à tel point que l’hôpital de Papeete devait être ainsi climatisé et permettre de faire de sérieuses économies. Lancé en 2014, le projet n’avance guère et l’appel d’offre est contesté au Tribunal administratif.
 

#3 La Réunion : la climatisation écolo à l’arrêt

Le SWAC avait aussi bonne presse à La Réunion. Les communes de Saint-Denis et de Sainte-Marie envisageaient dès 2008 de faire climatiser l’aéroport de La Réunion grâce aux eaux des profondeurs des mers. En 2014, Engie (ex-GDF-Suez) à qui ce projet avait été confié prévoyait de climatiser une soixantaine de bâtiments publics des deux communes au moyen de la technique SWAC. Regardez ci-dessous la vidéo présentant le projet :
 

Mais patatras… Deux ans après, le projet qui aurait fait de La Réunion, l’île leader du SWAC tombe à l’eau. Climabyss, le filiale d’Engie jette l’éponge. Interpellée par la députée de La Réunion Huguette Bello à l’Assemblée nationale, Ségolène Royal menace Engie de lui retirer le marché. Mais depuis, plus rien. Le projet semble bien mal en point. Regardez à ce sujet Le + du 19h de Réunion 1ère (ci-dessous) enregistré en avril dernier : 
 

En 2014, c’est le cyclone Bejisa qui emportait le projet CETO, un prototype installé au large destiné à expérimenter l’énergie de la houle dans les eaux australes.

#4 Eoliennes flottantes en Guadeloupe

Sur l’île papillon, l’entreprise Akuo (encore elle !) travaille sur un projet de 5 à 6 éoliennes flottantes pour une capacité de 30 mégawhatts. "L’idée même de ce projet pilote est de définir une technologie franco-européenne qui présente une solution d’éolien offshore flottant en zone cyclonique", explique Jean Ballandras, directeur énergies marines d'Akuo.

#5 Guyane, Mayotte, Saint-Pierre et Miquelon et Nouvelle-Calédonie : RAS

Les énergies marines pourraient tout à fait trouver leur place partout Outre-mer. Toutefois en Guyane, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie, pas l’ombre d’un projet pour l’instant.