D'ici 2090, la mer pourrait pénétrer sur plusieurs dizaines voire centaines de mètres sur les littoraux les plus plats. La Martinique pourrait perdre 5% de sa superficie. La commune de la côte Atlantique, Le François, pourrait être en partie submergée d'ici 2100 comme le montre cette simulation de Yoann Pélis et Pascal Saffache.
Un scénario inquiétant aussi pour les îles françaises du Pacifique. Certaines, essentiellement des atolls, pourraient être rayées de la carte.
Sur les 120 îles totalement submergées d'ici la fin du siècle dans le scénario optimiste, on a à peu près 30% qui viennent de Nouvelle-Calédonie, 30% de Polynésie française.
Franck Courchamp - docteur en écologie et directeur de recherche au CNRS
La montée des eaux aggravée par l'homme
Des plages qui disparaissent... C'est le fruit de la montée des eaux et de l'érosion des côtes, des phénomènes aggravés par la main de l'homme. Le fragile équilibre protecteur des littoraux a été rompu par l'urbanisation, l'extraction du sable pour le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) et les ports. Le prélèvement de sédiments dans le lit des rivières par les carriers a aussi rompu le rechargement naturel des plages.Même l'industrie touristique est pointée du doigt. Des plantes capables de stabiliser le sable ont été arrachées au profit des cocotiers. Des choix qui obligent les hommes à se replier vers l'intérieur des terres. La commune du Prêcheur en Martinique est déjà concernée. Certaines populations devront même quitter leur région selon certains spécialistes.
Dans les années à venir, on se projette à plus 30 ou plus 40 ans, il risque d'y avoir d'importantes migrations dans la Caraïbe. Les territoires qui actuellement font rêver, économiquement sont capables d'absorber les populations, risquent d'être très sollicités par toutes ces populations qui vont migrer . Je crains que, sur le plan géopolitique, dans les années à venir, la Caraïbe soit un espace de migrations relativement important.
Pascal Saffache
professeur d'aménagement et de géographie à l'université des Antilles
Pas de solutions miracles
Face à ces risques naturels, il n'existe pas de solutions miracles. A Miquelon-Langlade par exemple, l'isthme, la bande de sable, qui relie les deux îles est renforcé par des gabions. L'enrochement a aussi été choisi pour d'autres zones de l'archipel. Un remède coûteux et peu efficace à long terme dans un milieu en perpétuel mouvement."On peut retarder les choses, on peut stabiliser, recharger en sable, faire en sorte que la dune se maintienne le plus longtemps possible. Est-ce qu'on peut empêcher la mer qui monte de niveaux de venir impacter la dune durablement, je n'en suis pas sûr", selon Idir Alliche, garde du Littoral.
Avec le réchauffement climatique, le littoral est de plus en plus vulnérable. Les coraux, qui sont des brise-lames efficaces, se dégradent. Dernier rempart : les mangroves, menacées elles aussi. Alors pour protéger les côtes, en Nouvelle-Calédonie, des palétuviers sont plantés pour reconstituer la mangrove. Cette barrière naturelle est capable de contenir les vagues générées par les cyclones.
Autre levier : établir des plans de prévention des risques dans chaque collectivité et composer avec les tensions potentielles qu'ils créent entre élus et populations. Des marges de manœuvre limitées tant que l'élévation de la température du globe ne sera pas limitée. Peut-être le combat du siècle pour les outre-mer.