De nombreux établissements scolaires à Mayotte sont le théâtre de violences entre bandes de jeunes. Il s'agit souvent de rivalités entre quartiers ou écoles.
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"Il y a des jeunes qui se font tabasser à l'extérieur du collège", raconte Ouria, 13 ans, devant l'établissement de M'Gombani, à Mamoudzou, en proie, comme beaucoup d'autres, à des affrontements récurrents, l'une des raisons du mouvement de contestation à Mayotte.
"Presque tous les vendredi il y a des bagarres, dès que ça sonne, ils attendent devant, et il y a des affrontements, parfois même la police n'arrive pas à gérer", déplore-t-il, évoquant l'usage de "gaz lacrymogène, parfois". "Ce sont des jeunes du quartier déscolarisés, parfois des jeunes des lycées voisins", renchérit Maimouna, 35 ans, autre médiatrice du secteur, qui en a "déjà vu venir avec des coupe-coupes" cachés dans le pantalon.
"Au niveau du premier degré, nous connaissons quelques problèmes d'insécurité, mais qu'on arrive assez à maîtriser par notre police municipale, et puis au niveau du second degré, là c'est un peu plus compliqué parce que il y a beaucoup d'élèves (...) la police nationale essaie tant bien que mal d'organiser un système sécuritaire autour de ces établissements", explique Ahamada Haribou, directeur général adjoint des services à la mairie de Mamoudzou.
"Ma soeur, dans les études supérieures, a été victime de racket, on lui a dit 'donne-moi ton goûter, donne-moi tes baskets, sinon après l'école on te fait la peau'", raconte Marthe, tout en estimant "pas normal de devoir payer 460 euros par mois pour mettre mes deux filles dans le privé, alors que j'ai une école juste derrière chez moi".
Même Houria, une institutrice du public, a mis ses trois enfants dans le privé. Dans le public, "les salles sont insalubres, les communes n'ont pas forcément les moyens d'entretenir", et "je dois acheter moi-même des fournitures scolaires, car la commune a demandé aux parents de fournir le matériel, mais certains parents ne peuvent pas", dit-elle. "On est obligé de mettre la main à la poche".
"Le problème , c'est que dans le secondaire, il y a juste deux collèges privés, on est obligé de remettre nos enfants dans le public", explique une autre mère, qui veut aussi rester anonyme, dénonçant "un enseignement au rabais". "De plus en plus de gens partent pour scolariser leurs enfants à La Réunion ou en métropole", selon elle.
"On estime qu'il faudrait ouvrir une salle de classe par jour pour accueillir dans de bonnes conditions la population scolaire actuelle et à venir", disait la Commission nationale consultative des droits de l'homme dans un rapport de juillet 2017.
Autre difficulté, une partie des élèves, issus de l'immigration comorienne, ne parle pas français. "Dans ma classe de terminale S, des élèves ne comprennent pas bien la langue", explique Stéphane, enseignant en sciences et vie de la terre, dans un lycée du sud de l'ile. "On les pousse tant bien que mal, mais arriver à sortir des bacheliers, c'est un challenge", même si certains élèves sont "excellents".
Rivalités entre quartiers ou écoles
Dans ce collège enclavé qui compte 1.700 élèves, il s'agit souvent de rivalités entre quartiers ou entre établissements scolaires. "Il y a des élèves qui ont été blessés à coup de couteau", reconnait Nadjimou M'zé, médiateur de la commune qui, vétu de son gilet fluo, surveille les abords de l'établissement."Presque tous les vendredi il y a des bagarres, dès que ça sonne, ils attendent devant, et il y a des affrontements, parfois même la police n'arrive pas à gérer", déplore-t-il, évoquant l'usage de "gaz lacrymogène, parfois". "Ce sont des jeunes du quartier déscolarisés, parfois des jeunes des lycées voisins", renchérit Maimouna, 35 ans, autre médiatrice du secteur, qui en a "déjà vu venir avec des coupe-coupes" cachés dans le pantalon.
"Au niveau du premier degré, nous connaissons quelques problèmes d'insécurité, mais qu'on arrive assez à maîtriser par notre police municipale, et puis au niveau du second degré, là c'est un peu plus compliqué parce que il y a beaucoup d'élèves (...) la police nationale essaie tant bien que mal d'organiser un système sécuritaire autour de ces établissements", explique Ahamada Haribou, directeur général adjoint des services à la mairie de Mamoudzou.
La solution alternative des écoles privées
Devant la mairie, plusieurs dizaines de mères de famille manifestent depuis plusieurs jours. Elles réclament des mesures pour améliorer la sécurité. La plupart ont choisi, comme Marthe, de mettre leurs enfants "dans le privé", parce que l'école publique "c'est hors de question, il y a des problèmes d'hygiène, l'état des toilettes est insoutenable, et des problème de sécurité"."Ma soeur, dans les études supérieures, a été victime de racket, on lui a dit 'donne-moi ton goûter, donne-moi tes baskets, sinon après l'école on te fait la peau'", raconte Marthe, tout en estimant "pas normal de devoir payer 460 euros par mois pour mettre mes deux filles dans le privé, alors que j'ai une école juste derrière chez moi".
Même Houria, une institutrice du public, a mis ses trois enfants dans le privé. Dans le public, "les salles sont insalubres, les communes n'ont pas forcément les moyens d'entretenir", et "je dois acheter moi-même des fournitures scolaires, car la commune a demandé aux parents de fournir le matériel, mais certains parents ne peuvent pas", dit-elle. "On est obligé de mettre la main à la poche".
"Le problème , c'est que dans le secondaire, il y a juste deux collèges privés, on est obligé de remettre nos enfants dans le public", explique une autre mère, qui veut aussi rester anonyme, dénonçant "un enseignement au rabais". "De plus en plus de gens partent pour scolariser leurs enfants à La Réunion ou en métropole", selon elle.
Besoin d'une ouverture de classe par jour
A Mayotte, où plus de 94.000 élèves étaient comptabilisés en 2016, de nombreuses écoles primaires doivent aussi recourir à la rotation des élèves qui, à tour de rôle, ne vont en classe que le matin ou l'après-midi en cinq heures concentrées. Une classe du premier degré sur cinq est concernée. C'était le cas pour l'école d'Ouria avant son passage au collège. "J'avais école que le matin, ça faisait bizarre", dit la collégienne qui arbore le tee-shirt bleu de son établissement."On estime qu'il faudrait ouvrir une salle de classe par jour pour accueillir dans de bonnes conditions la population scolaire actuelle et à venir", disait la Commission nationale consultative des droits de l'homme dans un rapport de juillet 2017.
Autre difficulté, une partie des élèves, issus de l'immigration comorienne, ne parle pas français. "Dans ma classe de terminale S, des élèves ne comprennent pas bien la langue", explique Stéphane, enseignant en sciences et vie de la terre, dans un lycée du sud de l'ile. "On les pousse tant bien que mal, mais arriver à sortir des bacheliers, c'est un challenge", même si certains élèves sont "excellents".