Mayotte : la flambée de violence liée à "l'arrêt des éloignements" des clandestins, selon le préfet

Jean-François Colombet, le préfet de Mayotte, a affirmé lundi sur Mayotte la 1ère qu'il y avait "un lien direct entre l'arrêt des éloignements" de personnes en situation irrégulière "et la flambée de violence" que connaît actuellement le territoire.
"Ça n'est pas politiquement correct de le dire, mais je le dis et j'assume mes propos: il y a un lien direct entre l'arrêt de l'éloignement et la flambée de violence, car il y a un sentiment d'impunité qui s'est installé", a expliqué le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, sur Mayotte la 1ère ce lundi matin.

Mayotte, île française de l'océan Indien, connaît une insécurité récurrente depuis plusieurs années, avec une inflation de violences ces dernières semaines, et "des faits d'une extrême gravité", a reconnu le préfet.

Revoir l'intervention du préfet dans la matinale de Mayotte la 1ère :

Des affrontements entre bandes rivales à coup de machettes et de coupe-coupe, de cocktails molotov et de pneus enflammés ont eu lieu en août, des habitants ont été agressés et des forces de l'ordre et des pompiers attaqués.

Plusieurs manifestations d'habitants, et même de pompiers, ont été organisées pour dénoncer ces violences.
Selon l'Insee, la moitié de la population de Mayotte est de nationalité étrangère, dont une grande majorité vit clandestinement sur le territoire, en provenance d'abord des Comores voisines.
 

Reprise des reconduites

"Depuis le 16 mars (et le début du confinement lié à l'épidémie de coronavirus, ndlr) nous ne pouvons plus reconduire les étrangers en situation irrégulière dans leur pays", a expliqué le préfet.

Ce sont 13.000 personnes que nous aurions dû reconduire (...) et qui se livrent à des luttes territoriales, qui donnent lieu à une délinquance d'appropriation, parce qu'il faut bien qu'elles vivent, qu'elles trouvent une ressource. Donc nous subissons de plein fouet l'arrêt des éloignements.

Jean-François Colombet, préfet de Mayotte


Jean-François Colombet a précisé que les éloignements avaient repris "depuis le 6 août à raison d'un bateau par semaine, mais ça ne suffit pas". "Le gouvernement va nous aider à ce que l'Union des Comores accepte que nous puissions reconduire massivement les étrangers en situation irrégulière dans leur pays", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, "trois intercepteurs en mer seront opérationnels à partir d'octobre" et "seront 24h sur 24 et 7 jours sur 7 à l'eau", a-t-il assuré, pour empêcher l'arriver des bateaux de migrants en provenance des Comores.