"C’est un dossier [la Nouvelle-Calédonie, NDLR] dont je me suis occupé dès le lendemain de ma nomination, affirme Michel Barnier dans l’entretien qu’il a donné à la Tribune du Dimanche. Interrogé sur un possible déplacement sur le caillou, le chef du gouvernement a indiqué qu’il se rendrait sur place "le moment venu parce que je pense que c’est la responsabilité d’un premier ministre". Mais avant de se déplacer dans l’archipel, il espère d’abord trouver un "chemin d’apaisement" grâce aux mesures prévues dans sa déclaration de politique générale. Ces deux mesures sont "le report des élections qui étaient prévues et la non-saisine du Congrès pour entériner le dégel initialement prévu du corps électoral", a-t-il rappelé.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et son homologue du Sénat Gérard Larcher vont bientôt se rendre dans l'archipel pour une mission du dialogue, comme l'a répété le Premier ministre. Il a aussi tenu à ajouter, "nous prendrons le temps, au moins une année, pour en rediscuter et trouver un nouvel équilibre. Nous pouvons reconstruire un dialogue entre toutes les communautés".
D'énormes dégâts économiques
Au mois de mai dernier, le projet de réforme du corps électoral, porté par Emmanuel Macron et Gérald Darmanin alors ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, a eu pour effet de déclencher les pires émeutes depuis 40 ans en Nouvelle-Calédonie, faisant 13 morts dont deux gendarmes. D'énormes dégâts économiques sont aussi à déplorer. "Il faudra s’atteler aussi à la reconstruction économique et sociale, puisque 20% du capital productif a été détruit par les émeutiers durant la crise", a précisé le Premier ministre.
Ce projet visait à élargir le corps électoral - gelé depuis 2007 - pour les élections provinciales aux résidents de l'archipel depuis 10 ans, au risque selon les indépendantistes de marginaliser le peuple autochtone kanak. Ces élections provinciales, cruciales sur l'archipel, devaient se tenir d'ici au 15 décembre après avoir été une première fois reportées, en l'absence de consensus sur le corps électoral.