15h tapantes, deux employés du restaurant Créole Avenue de Villeneuve-Saint-Georges sortent de grandes poubelles et des bacs de congélation sur le parvis. Des centaines de crabes arrivés tout droit de Martinique grouillent à l’intérieur. Bleu, ocre, rouge, leurs couleurs vives attirent l’œil. Les pinces claquent et les employés les attrapent à pleine main pour remplir les sacs des clients. En une trentaine de minutes, le stock s’amenuise déjà.
Une heure avant le début de la vente, de nombreux Antillais patientent déjà sous le soleil pour acheter leurs crabes de Pâques. Ils se sont donnés rendez-vous suite à l’annonce sur les réseaux sociaux du restaurant de l’arrivée imminente des crustacés : “Possibilité d’acheter vos crabes dès jeudi 14 avril à 15 heures”. Alors pour ne pas louper cette occasion, Lydie, guadeloupéenne, habitante d’une commune voisine, n’a pas hésité à prendre son après-midi pour venir chercher ses crabes.
Le crabe de terre, une madeleine de Proust
“On va retrouver le goût du pays !”, s’exclame-t-elle. Je vais les faire dégorger jusqu’à dimanche en leur donnant à manger des légumes par exemple.” Les crustacés sont achetés vivants, pendant trois jours ils sont nourris avec des pelures de légumes, du pain et du piment qui fait office de vermifuge. Certaines familles leur donnent même un petit nom. “Une fois cuits, je les fais revenir avec de la salaison, des lardons, des feuilles de kalalou, diverses épices, à côté je grille de la morue et je prépare du riz blanc”, explique la cliente un grand sourire aux lèvres en pensant à la future dégustation du repas. “J’en ai déjà le goût à la bouche, confie Sheldy, guadeloupéen lui aussi, avec ses six crabes à la main. On va les cuisiner comme au pays avec du piment et du coco. J’ai anticipé car si je venais les récupérer samedi… Il n’y en aurait déjà plus.” De son côté, Séverine se réjouit d’avoir pu terminer sa journée de travail à 13h pour ne pas manquer la vente : “Je suis venue avec ma mère exprès. Il n’y en a nulle part ailleurs. On cuisinera lundi un bon matoutou !”
C’est la deuxième année que le restaurateur importe des crabes de Martinique. L’idée lui est venue suite à un échange avec l’un de ses producteurs. “J’ai réussi à obtenir 2 000 crabes, l’équivalent d’environ 400 Kilos. Un kilo représente cinq ou six crabes.” Un crustacé coûte cinq euros, à peu près le même prix qu’en Guadeloupe cette année.
La cargaison est arrivée en fret à l’aéroport d’Orly, l’équipe l’a récupérée avec un camion réfrigéré, et la mise en vente se fait dans les heures qui suivent. Pour le gérant : “C’est important de proposer cette spécialité antillaise à Pâques, pour la culture mais aussi la tradition. En tant que restaurateur, on est là pour donner du plaisir et aussi de l’émotion aux clients”, explique le gérant. Même si on est loin, le cœur est là-bas. ”