“On veut que des responsabilités soient reconnues au pénal” : les filles de Yolande Gabriel continuent leur combat

Laura et Christine François se sont rendues au procès de l'affaire Naomi Musenga, semblable à celle de leur mère Yolande Gabriel, décédée après un appel au SAMU.
Le procès de l’affaire Naomi Musenga se tenait ce jeudi à la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Strasbourg. En août 2020, dans une affaire semblable, Yolande Gabriel, Martiniquaise de 65 ans décédait après un appel au Samu 77. Les filles de la Martiniquaise se sont rendues à l'audience et nous livrent leurs impressions.

Voilà quatre ans que Christine et Laura se battent pour honorer la mémoire de leur mère. Pour que les défaillances dans la prise en charge de Yolande Gabriel dans la nuit du 20 au 21 août 2020 par le Samu 77 soient reconnues, et que justice lui soit rendue. Et parce que les deux filles de Yolande Gabriel attendent, elles aussi, une action au pénal, elles ont fait le déplacement depuis la région parisienne pour assister, en Alsace, au procès de l’assistante de régulation médicale du Samu poursuivie dans l’affaire Naomi Musenga pour “non-assistance à personne en danger”. À l'issue de l'audience, celle-ci a été condamnée à un an de prison avec sursis. 

 

Pourquoi avez-vous décidé d’assister à ce procès ?

On n’a jamais assisté à un procès et on s’était dit qu’il faudrait qu’on y aille, pour voir comment cela se passe, étant donné que c’est notre avocat qui plaide. Depuis que l’affaire [Musenga ndlr] a éclaté, on a toujours été en contact avec les Musenga, surtout Louange, la sœur de Naomi, et aussi sa maman. On s’est dit qu’on voulait être là pour les soutenir. 

Mais on voulait aussi se préparer aux arguments de la défense, savoir également, pour ainsi dire, à quelle sauce, nous, on va être mangées, si procès il y a pour les deux médecins qui ont maltraité maman.

Où en êtes-vous de votre côté, quatre ans après le drame ?

D’un point de vue judiciaire, il n’y a pas vraiment d’avancées, si ce n’est qu’on a été auditionnées, ma sœur et moi, avec Maître Coubris qui était présent, le 2 avril auprès de la juge d’instruction. On avait demandé à être entendues et il aura fallu attendre presque deux ans pour être enfin entendues ! À part cette audition qui a duré environ une heure, pas d’avancée judiciaire notable. On a quand même appris qu’une expertise médicale judiciaire avait été déclenchée : on est dans l’attente des conclusions.

D’un point de vue civil, on a eu la décision définitive de la commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CCI) et ce qui nous a fait énormément de bien. On a reçu ces conclusions en recommandé le 6 avril, jour de l’anniversaire de maman. Alors qu’on n'attendait plus rien de cette instance, la présidence de la CCI a cassé la décision des experts qui avaient jugé que seul le médecin cardiologue, qui avait fait sortir maman à 3 h 30 du matin, était responsable, tout en blanchissant le médecin du SAMU. C'est une grande victoire pour nous, même si ce n’est pas une victoire judiciaire. 

Notre avocat était très satisfait :  le fait que la décision ait été cassée, cela apporte plus de poids à notre dossier, dans le sens où cela montre que le cardiologue aussi bien que le médecin du SAMU ont fauté.

 

Quelles sont vos attentes ?

Il y aura sans doute une proposition d’indemnisation (de la part de la CCI, ndlr) mais nous, bien sûr on va la refuser parce qu’on est dans une procédure pénale. Mais cela indique qu’il y a eu des dysfonctionnements de la part de l’hôpital de Meaux et du Samu. Et cela donne encore plus de poids aux suspicions d’homicide involontaire et de non-assistance à personne en danger. 

Donc le procès pénal, plus que jamais, est en passe d’advenir.

Laura François, fille de Yolande Gabriel

Notre avocat nous l’a dit :  les preuves sont évidentes, il ne pourra pas y avoir de non-lieu… La justice peut réserver des surprises, être défaillante, mais il est convaincu de ce qu’il avance et on lui fait confiance. De toute manière, on se battra pour que ce procès ait lieu parce que ce qui s’est passé est trop grave.

Nous, on ne fait pas ça pour l’argent, on veut que des responsabilités soient reconnues au pénal : aussi bien celles du cardiologue qui a fait sortir maman à 3 h 30 du matin alors qu’elle était dans un état catastrophique, que celles du médecin du SAMU qui l’a "engueulée" alors qu’elle vivait ses derniers instants et qui a refusé d’envoyer le SMUR.