Les Outre-mer, c'est quoi ? Wallis et Futuna

Vue de Poi sur l'île de Futuna
Wallis et Futuna se vident malheureusement de leur jeunesse et se retrouvent avec une population vieillissante. Ces territoires se caractérisent par leur authenticité culturelle et leur singularité institutionnelle. La coutume y tient une place centrale.

Chef-lieu : Mata'Utu                                                              
Statut : collectivité d’Outre-mer (COM) 
Zone : Pacifique sud
A l'est : les îles Samoa
Au sud-ouest : les îles Fidji
Wallis et Futuna se trouvent à environ 16.000 km de Paris
Langues : wallisien, futunien et français
Monnaie : Franc Pacifique
 

Population 

En décembre 2018 le territoire comptait 11.558 habitants, dont 8333 personnes à Uvea (nom de Wallis dans la langue locale) et 3225 à Futuna. Ces dix dernières années, l’archipel a fait face à une démographie décroissante, soit 1887 habitants en moins. Les deux îles se vident de leur jeunesse et se retrouvent avec une population vieillissante. Cette forte baisse est causée par un faible taux de naissance, et le départ massif des jeunes à l’étranger à la recherche de "l’Eldorado". Ces derniers s’envolent soit vers la Nouvelle-Calédonie ou vers l'Hexagone puisque les possibilités d’emplois sont très limitées sur place.

Évolution de la population de 1969 à 2018 

 

 

Histoire en bref

Avant l’arrivée des Européens, Wallis et Futuna étaient peuplées de Polynésiens originaires des îles de Tonga pour Wallis et Samoa pour Futuna. Les premiers contacts avec les Occidentaux s’établissent en mai 1616 par la découverte de Futuna par les navigateurs hollandais Williem Schouten et Jacob Le Maire. Ils baptisèrent Futuna « les îles Horns » . 152 ans plus tard, Louis Antoine de Bougainville atteint l’île le 11 mai 1768 et la surnomme « L’enfant perdu dans le Pacifique ». Deux ans après son passage, le capitaine britannique Samuel Wallis découvre Uvea à qui l’île doit son nom actuel.

Wallis et Futuna est l’archipel français le plus éloigné de sa "mère patrie". Il devient territoire d’Outre-mer par la loi statutaire du 29 juillet 1961, adoptée à la suite d’un référendum : 99,4% de la population choisit en 1959 d’intégrer la République française. Ce statut reconnaît les spécificités notamment les instances coutumières. Ce statut de fêtera en 2021 ses 60 ans. Un statut remis en question à maintes reprises sur la nouvelle répartition des pouvoirs, notamment le transfert de l’exécutif à l’Assemblée Territoriale et la place des autorités coutumières. La refonte de cette loi a été rendue nécessaire par la révision constitutionnelle du 28 mars 2003 et l’évolution vers le statut de collectivité d’Outre-mer (COM). Mais elle n’a pas toujours pas donné lieu à l’adoption d’une loi organique, faute de consensus.

Le saviez-vous ? L’histoire des surnoms de Wallis et de Futuna avec Mirna Kilama et Hiasinito Iloai 


>>> Pour aller plus loin : Jean-Claude Roux, "Wallis et Futuna : espaces et temps recomposés. Chroniques d'une micro-insularité", Presses universitaires de Bordeaux, 1995

 

 

 

Géographie 

Wallis est situé à 370 km des Samoa, et Futuna à 280 km au sud-ouest des îles Fidji. Environ 230 km séparent les deux îles soit près d’une heure de vol via le Twin-Otter. L’archipel comporte deux reliefs distincts. Wallis est une plate-forme d’une superficie de 77,9 km2. Le point culminant est le mont Lulu à 151 mètres d’altitude. Elle est bordée d’un lagon et d’une barrière de corail qui comporte quatre passes dont celle de Honikulu au sud. C’est la seule porte d’entrée pour le cargo ravitailleur. Autre particularité de l’île, une quinzaine d’îlots sont éparpillés du nord au sud, surtout vers la côte est. Futuna, elle, ne possède qu’un seul îlot, Alofi, qui ne compte qu'un seul habitant permanent (voir vidéo ci-dessous).
 


Futuna est sans lagon, montagneuse avec deux points culminants, le mont Puke à 524 mètres d’altitude et le mont Kolofau sur Alofi à 417 mètres de hauteur. L'île reste très exposée aux activités sismiques à cause de sa proximité de la zone de fracture nord fidjienne. D’ailleurs une faille passe par Futuna et Alofi.
 

Ilot de Nukuatea

 

 

Economie

L’économie est fondée sur la prévalence du secteur primaire. L’agriculture est surtout tournée vers la satisfaction des besoins familiaux et coutumiers. Près de 80% de la population vit de l’agriculture, de la pêche ou encore de l'artisanat. Le développement de ce secteur est l’une des préoccupations des autorités. Car il présente des atouts notamment en termes écologiques et bio.

Jusqu’à présent l’administration publique joue un rôle important dans le soutien de l’économie. Elle est à l’origine de 75% des emplois. Le secteur privé de son côté est encore faible dans la création de richesse. Seule l’activité commerciale contribue significativement à l’économie locale. Elle emploie plus de 300 personnes. Mais l’importation de marchandises est importante, elle représente plus de 90% de la consommation. La situation de monopole est dominante dans les transports aérien et maritime, bancaire ou encore l’importation. Une majeure partie de la population n’est pas encore intégrée dans une économie monétarisée.
 

Tarodière du village de Nuku, au royaume de Sigave à Futuna

 
Bien que le tourisme demeure à un niveau très faible, Wallis et Futuna, du fait de son authenticité culturelle, pourrait attirer des visiteurs. Mais le développement du secteur est entravé par des handicaps structurels tels que son enclavement des marchés potentiels touristiques, le coût élevé du billet d’avion, le manque d’infrastructures et les tarifs élevés des prestations liés à l’indexation du coût élevé de la vie. Cependant l’entrée dans l’ère du numérique marque un nouveau tournant dans le développement du territoire. Depuis novembre 2017, l’archipel est connecté au câble haut débit Tu’isamoa.
  

 

Politique et cadre institutionnel

Les institutions locales résultent d’une alliance entre la coutume, la République et la religion. L’Assemblée territoriale est l’organe délibérant. Elle dispose d’attributions encore limitées. Les vingt conseillers sont élus au suffrage universel tous les cinq ans, dans les cinq circonscriptions. L’exécutif est assuré par le représentant de l’État qui est à la fois administrateur et chef du territoire. Il a pouvoir d’approuver les délibérations de l’hémicycle et les rendre exécutoires ou pas. Une double casquette remise en question et qui a suscité une volonté de transfert de compétences, notamment de l’exécutif aux élus. Cela passe par une révision du statut de 1961. Un sujet qui divise.

Autre spécificité du système institutionnel, trois royaumes dans la République. L’autorité coutumière est associée à la gestion des affaires du territoire. Les rois et leurs chefferies ont un rôle éminent et une influence encore importante. Sur le plan national, l’archipel compte un sénateur et un député au Parlement. Au niveau régional, le territoire fait partie de la Communauté du Pacifique depuis 1983. Par ailleurs, en 2018, Wallis et Futuna est passé du statut d’observateur à celui de membre associé du Forum des îles du Pacifique.
 

L'Assemblée territoriale de Wallis et Futuna

 

 

Société, culture et sport

La religion catholique occupe une place très importante, sinon centrale. La preuve, la vie à Wallis et Futuna est rythmée par le calendrier liturgique. Depuis l’arrivée des premiers missionnaires en 1837 d’abord à Uvea, et cinq ans après sur l’île sœur, le catholicisme est jusqu’à aujourd’hui majoritaire, cela malgré la présence d’autres cultes introduits par les Témoins de Jehova ou les Adventistes. La foi de la population se traduit visuellement par le nombre d’édifices religieux. L’archipel détient le record mondial du nombre de chapelles et d’églises au mètre carré, soit une centaine pour 124 km2. 
 

La cathédrale de Mata’Utu à Wallis


Malgré sa démographie modeste, Wallis et Futuna est le territoire de la République qui, en proportion de sa population, offre le plus d’engagés volontaires aux forces armées. Par ailleurs, il se distingue dans le domaine sportif puisque les grandes qualités physiques des athlètes insulaires leur permettent d’accéder à des compétitions de la communauté du Pacifique ou même de représenter la nation au niveau international. En termes de records, l’archipel a été trois fois champion d’affilée aux Jeux du Pacifique au volley-ball depuis 2007

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