Avec ses 320.000 habitants, l'archipel du Vanuatu est une fourmi face à la puissance américaine. Mais cela n'empêche pas son gouvernement de donner de la voix et tirer la sonnette d'alarme. "Nous sommes tous inquiets des conséquences potentielles de la politique anti-climat engagée par le nouveau gouvernement américain", a ainsi réagi ce mercredi le ministre pour le Changement climatique du Vanuatu Ralph Regenvanu.
Depuis sa réélection, Donald Trump, qui qualifie le changement climatique d'"escroquerie", est sorti, comme lors de son premier mandat, de l'accord de Paris sur le climat. Il a aussi annoncé un gel de l'aide américaine et décrété l'"état d'urgence énergétique" pour doper la production de pétrole et de gaz aux États-Unis.
Ralph Regenvanu a toutefois assuré espérer que la "longue relation" entre le Vanuatu et les États-Unis - qui a notamment abrité la plus grande base militaire du Pacifique Sud pendant la Seconde Guerre mondiale - permettent aux deux pays de "discuter de ces questions".
Une hausse du niveau de la mer de 6 mm
Car l'archipel du Pacifique est en première ligne face aux effets du changement climatique, notamment la montée des eaux, qui commence déjà à ronger son littoral.
Les données nationales du Vanuatu indiquent que le niveau de la mer a augmenté autour de l'archipel de 6 millimètres par an entre 1990 et 2010, bien plus rapidement que la moyenne mondiale. Et les scientifiques affirment que cette élévation des eaux devrait encore s'accélérer.
Pour en limiter les effets et trouver des solutions pour les populations touchées, il faut chercher "des solutions de financement climatique afin de construire des infrastructures résilientes", a poursuivi le ministre.
Perte du PIB à cause de la montée des eaux
Le Vanuatu, mais aussi d'autres pays comme la Papouasie-Nouvelle Guinée ou la Micronésie ont d'ores et déjà perdu "plus de 1% de leur PIB en raison de la montée des eaux", affirmait en août l'experte Rosanne Martyr, de l'institut Climate Analytics, basé à Berlin.
Ralph Regenvanu a assuré imaginer un marché d'obligations bleues et vertes, un modèle de financement qui prévoit de mettre les fonds à disposition pour des projets qui ont un impact positif sur l'environnement. Ce système a notamment été mis en place par les Fidji en 2023.
D'autres États du Pacifique ont choisi de taxer les combustibles fossiles, tandis que l'île-État de Nauru monnaye de son côté depuis novembre sa nationalité pour financer le déménagement futur de sa population menacée par la montée des eaux, malgré les risques associés à ce système de "passeport doré".
La Polynésie française est aussi touchée par la montée des eaux : aux Tuamotu depuis quelques années, le phénomène s’accélère, la végétation du littoral est rongée petit à petit et inquiète la population.