Ça s'est passé samedi à Paris. 15 minutes de coups et d'insultes racistes.
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
La folle scène de violences policières que nous révélons est tout simplement inouie et édifiante.
Il faut la regarder jusqu'au bout pour mesurer toute l'ampleur du problème. pic.twitter.com/vV00dOtmsg
La version policière contredite par les images
Selon leur procès-verbal consulté par l'AFP, les policiers ont tenté d'interpeller le producteur pour défaut de port du masque. "Alors que nous tentons de l'intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment", écrivent-ils. Sur les images de vidéosurveillance de ce studio, on voit les trois fonctionnaires de police entrer dans le studio en agrippant l'homme puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque.
Dans leur rapport, les policiers ont écrit à plusieurs reprises que l'homme les avait frappés. Selon ces mêmes images, Michel résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène de lutte dure cinq minutes. À ce moment-là selon Michel, les policiers l'insultent à plusieurs reprises de "sale nègre".
Dans un second temps, des personnes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio parviennent à rejoindre l'entrée, provoquant le repli des policiers à l'extérieur et la fermeture de la porte du studio. Les policiers tentent ensuite de forcer la porte et jettent à l'intérieur du studio une grenade lacrymogène qui enfume la pièce. D'autres images dévoilées par Loopsider et tournées par des riverains montrent les policiers pointer leurs armes dans la rue et intimer à "Michel" de sortir du studio.
Ouverture d'une enquête
Dans un communiqué, le parquet de Paris précise qu'aucune charge n'a été retenue contre Michel, à l'issue de sa garde à vue. Le parquet a en revanche ouvert une enquête pour "violences" et "faux en écriture publique". Une enquête a été confiée à l'IGPN, l'Inspection Générale de la Police Nationale.
Suspension des policiers
De son côté, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé jeudi à la mi-journée au préfet de police la suspension de plusieurs des policiers incriminés.
[Intervention à Paris 17ème]
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 26, 2020
Je me félicite que l’IGPN ait été saisie par la justice dès mardi.
Je demande au préfet de police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés. Je souhaite que la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais.
Quelques heures après ce tweet du ministre de l'Intérieur, les policiers ont été suspendus. Invité du journal de 20H de France 2, Gérald Darmanin a annoncé que "si la justice conforme les faits, qui font peu de doutes, ces policiers seront révoqués. Ils ont sali l'uniforme de la République".
Gérald Darmanin à propos de l'interpellation violente d'un producteur martiniquais à Paris : "Ces policiers ont sali l'uniforme de la République. Si la justice démontre les faits, ils seront révoqués de la police". pic.twitter.com/ZncNELyTQG
— La1ere.fr (@la1ere) November 26, 2020
"Je veux qu'ils soient punis"
Jeudi après-midi, alors qu'ils se rendaient à l'IGPN, Michel a répondu aux médias. "Je n'ai rien fait pour mériter ça et je veux que ces trois personnes soient punies par la loi, parce qu'on a une bonne justice en France", a-t-il expliqué.
"Il y a 3 personnes qui sont venues et qui m'ont agressé et ces personnes-là étaient censée nous protéger. Moi je n'ai rien fait pour mériter ça et je veux juste que ces trois personnes soient punies par la loi" -Michel, producteur de musique #AFP Mathieu Champeau @AuroreMesenge pic.twitter.com/YNBeNMl1pQ
— Agence France-Presse (@afpfr) November 26, 2020
Nombreuses réactions
Après leur diffusion sur les réseaux sociaux, les images ont suscité de très nombreux commentaires d'indignation. D'autant que cette affaire intervient en pleine polémique sur le projet de loi sécurité globale, très controversé. Ce texte, adopté mardi par l'Assemblée nationale, encadre la diffusion des images des forces de l'ordre en opération.Côté politique, de nombreux représentants de la gauche et des écologistes ont fait part de leur indignation, devant cette nouvelle affaire.