Plainte contre la France : une "démarche vaine" pour le président polynésien Edouard Fritch

Edouard Fritch
Le président de Polynésie parle d’une "démarche vaine et sans issue". Edouard Fritch a réagi, mardi 9 août, à la plainte pour crimes contre l'humanité que souhaite déposer contre la France l'Eglise Protestante Maohi, à la suite des essais nucléaires dans le Pacifique.
Le président de la Polynésie Edouard Fritch a estimé, mardi 9 août, lors d'un point presse à Papeete, que la plainte pour crimes contre l'humanité que souhaite déposer contre la France l'Eglise Protestante Maohi à la suite des essais nucléaires dans le Pacifique était une "démarche vaine et sans issue".
 

"Crimes contre l'humanité"

Dimanche, cette Eglise, qui rassemble les protestants de Polynésie française, avait annoncé qu'elle attaquerait l'Etat français pour "crimes contre l'humanité" en raison des 193 essais nucléaires réalisés sur les atolls de Moruroa et Fangataufa entre 1966 et 1996. L'Eglise compte déposer cette plainte devant la Cour Pénale Internationale et devant les Nations-Unies.
 

Le combat des indemnisations

"A mon sens, si on veut obtenir une réelle indemnisation de l'Etat, il vaut mieux dialoguer avec cet Etat plutôt que d'aller chercher la protection d'organisations internationales qui n'ont aucun pouvoir", a déclaré Edouard Fritch devant la presse locale. Il a toutefois soutenu le combat des patients qui tentent d'obtenir des indemnisations de l'Etat après avoir contracté des maladies radio-induites.
 
Mais pour Edouard Fritch, "qualifier les actes de l'Etat français de crime contre l'humanité est une expression très grave". Il a rappelé que François Hollande avait reconnu, lors de sa visite en Polynésie en février dernier, "les conséquences sanitaires, environnementales et sociales des essais nucléaires : personne ne l'avait fait avant" a-t-il souligné.
 

Autres réactions

"L'outrance est toujours mauvaise conseillère" avait réagi l'Etat lundi, par la voix du haut-commissaire de la République en Polynésie française, René Bidal. Il avait estimé qu'une telle plainte "manquerait de fondement". Le leader indépendantiste Oscar Temaru la juge au contraire justifiée. Il se dit prêt à mobiliser les petits Etats insulaires du Pacifique pour la porter devant les Nations-Unies.
 
Pour le président de l'AVEN , "ça va trop loin"
Interviewé par Outre-mer 1ère radio, le président de l'AVEN (Association des Vétérans des Essais Nucléaires), Jean-Luc Sans, estime que "ça va trop loin".
"Je ne pense pas que les circonstances sont suffisantes pour monter un dossier pour crime contre l'humanité. Il n'y a pas eu de massacre délibéré de population, comme pendant la deuxième guerre mondiale, ou au Rwanda. Les différentes parties en Polynésie feraient mieux de s'entendre pour savoir ce qu'il faut demander exactement. Cela fait 15 ans que je suis cette affaire et je n'ai toujours pas compris ce que veulent les Polynésiens".