Plongée au cœur de la réalité carcérale en Polynésie avec “Amo i te utu’a. Porter sa peine”

L'anthropologue Marie Salaün et le linguiste Jacques Vernaudon ont mené une enquête au sein des prisons en Polynésie. “Amo i te utu’a. Porter sa peine" livre une réflexion sur l’environnement carcéral et la privation de liberté, qui va au-delà de l’exemple tahitien. Marie Salaün est l'invitée cette semaine de l'émission littéraire À la 1ère page.

C'est un livre qui a été écrit pour toutes celles et ceux qui veulent en savoir plus sur ce qui se passe derrière les murs (...). C'est un livre qui invite à se poser la question : "Est ce que la prison, c'est la solution ?".

Marie Salaün

Alors qu’aucun travail académique n’avait été publié jusque-là sur le sujet, Marie Salaün et Jacques Vernaudon se sont penchés sur la prison à Tahiti en effectuant une étude de terrain dans les deux principaux établissements de l’île : Tatutu-Papeari et Nuutania. Ils sont allés à la rencontre de trois types de public : les surveillants et conseillers d’insertion et de probation, les détenus, et leurs proches. In fine, cette étude nous en apprend autant sur la prison elle-même que sur la société polynésienne aujourd’hui. 

"Amo I te utu’a, porter sa peine" de l'anthropologue Marie Salaün et du linguiste Jacques Vernaudon, avec la collaboration de Mirose Paia

L'auteure Marie Salaün

Marie Salaün est professeure d’anthropologie à l’Université de Paris, membre de l’unité de recherche Migrations et Société (URMIS). Ses ancrages disciplinaires sont l’anthropologie sociale et culturelle, l’anthropologie de l’Océanie, l’anthropologie politique, l’anthropologie de l’éducation et l’histoire coloniale. Ses recherches portent sur la compréhension du rapport à l’État dans les contextes post-coloniaux du Pacifique insulaire. Confrontant revendications autochtones et réponses institutionnelles dans une perspective historique, ses travaux interrogent le mot d’ordre de "décolonisation" et la notion de "legs colonial" et ses déclinaisons locales en Nouvelle-Calédonie, à Hawaï et en Polynésie française, initialement en matière scolaire et désormais dans le champ de la justice pénale. Elle a notamment publié, en 2013, Décoloniser l’école ? Hawai’i, Nouvelle-Calédonie. Expériences contemporaines, Rennes, PUR (coll. "Essais"), et, en 2018, avec Émeline Le Plain, L’école ambiguë. Histoires de famille à Tahiti, Paris, L’Harmattan. 

Extrait d'“Amo i te utu’a : Porter sa peine” 

Ce personnel m’a beaucoup séduite ; il est fin, cultivé, distingué... Ils m’ont accueillie avec infiniment de gentillesse, me faisant participer à la vie de la prison comme rarement cela m’est arrivé en France. Un dialogue s’est vite établi entre les prisonniers et moi-même. Ceux-ci se considèrent comme pêcheurs, se jugeant avec beaucoup de sévérité, disant que la rédemption de l’administration pénitentiaire ainsi que les surveillants doivent les empêcher d’être des pêcheurs.

 ♦ Pour aller plus loin "Amo i te utu'a, porter sa peine", un livre sur la prison en Polynésie

Retrouvez les autres écrivains des Outre-mer, invités du magazine littéraire À la 1ère Page.

Chargé de réalisation : Jean-Luc Benzimra
Illustrations : The Last Kamit
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