Plus de la moitié de la cocaïne saisie dans l’Hexagone en 2022 provenait des Antilles-Guyane

Gérald Darmanin, Gabriel Attal et Éric Dupond-Moretti présentent le bilan 2022 de la lutte anti-drogue à Paris le 1er mars 2023.
Les contrôles seront renforcés prochainement assure Gérald Darmanin, qui promet que tous les passagers arrivant à Paris depuis la Guyane ou les Antilles seront contrôlés en 2023.

Cannabis, cocaïne, méthamphétamines, ecstasy... Le gouvernement a publié ce mercredi 1er mars le bilan 2022 de la lutte contre les drogues. Les saisies s'établissent à "des niveaux historiques" selon les autorités.

Les Outre-mer sont une zone de rebond pour la drogue, qui transite par les territoires ultramarins avant d'arriver dans l'Hexagone et d'inonder le marché européen. C'est particulièrement vrai pour les Antilles et la Guyane, "zones de stockage et de rebond de la cocaïne produite en Amérique du Sud", comme le note le gouvernement. En 2022, 55 % des saisies de cocaïne à l'entrée dans l'Hexagone, soit 14 tonnes, provenaient des Antilles et de Guyane. 

Plus de la moitié des saisies de cocaïne réalisées dans l'Hexagone en 2022 concernaient de la drogue en provenance des Antilles et de la Guyane.

En dix ans, les saisies de cocaïne ont été multipliées par cinq en France. 27,7 tonnes ont été saisies l'année dernière, contre 5,6 tonnes en 2012. Le gouvernement note qu'en moyenne, le prix de la cocaïne est de 65 € le gramme. Les saisies totales sur l'année représentent donc une valeur marchande d'environ 1,8 milliard d'euros. Dans 75 % des cas, la cocaïne saisie était acheminée par voie maritime. Dans 17% des cas, elle était transportée par des passagers voyageant en avion. 

100% des passagers au départ des Antilles et de Guyane passeront par un scanner en 2023

Pour lutter contre le phénomène des mules, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, et le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, avaient annoncé la mise en place de contrôles systématiques des passagers embarquant pour les vols à destination de Paris lors d'une visite en Guyane en octobre dernier.

"Ces contrôles systématiques ont permis d'interpeller près de 170 mules et de saisir 285 kilos de cocaïne, affirme Gérald Darmanin. Nous savons que ça ne représente qu'une partie émergée de l'iceberg, mais ces contrôles ont un effet dissuasif et ont surtout permis d'éviter l'embarquement de mules." Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer évalue à 4 258 le nombre de personnes "sans doute porteuses de cocaïne, [qui] n'ont pas pris l'avion à destination de la métropole" depuis la mise en place des contrôles systématiques au départ. 

Un nouveau scanner in corpore sera installé à Orly prochainement, pour que les contrôles systématiques des vols se fassent à la fois à l'aller et au retour. "Toutes les personnes venant de Guyane ou des Antilles passeront en 2023 par ces scanners", assure Gérald Darmanin. Puisque la drogue transite aussi par la mer, des scanners mobiles seront installés à partir de 2024 dans les principaux ports français, notamment au Havre, à Marseille, à Dunkerque, à Saint-Nazaire ainsi qu’aux Antilles.

Dans son bilan, le gouvernement pointe également le "phénomène inquiétant" de l'ice en Polynésie. Les saisies de ce type de méthamphétamine ont explosé sur le territoire, avec 26,4 kilogrammes saisis en 2022, soit une hausse de 142% par rapport à 2021. L'ice se vendant à 2 500€ le gramme, la valeur marchande totale des saisies avoisine les 66 millions d'euros.