Gaëlle Bien-Aimé se décrit comme une "artiviste", comme une fusion de ses statuts d’artiste et de militante. Celle qui très jeune a déclaré sa flamme au théâtre et à l’écriture est aussi une militante féministe, campée droit dans ses bottes, qui ne mâche pas ses mots. Surtout pas en tant de crise comme celle, violente, que connaît son pays natal, Haïti, - notamment depuis l’assassinat en 2021 de Jovenel Moïse, alors président de la République haïtienne.
Parmi les répercussions de ce meurtre, les menaces subies par Gaëlle Bien-Aimé au point de songer durablement à l’exil. Toute tentation de départ n’est pas écartée mais de ce bouleversement, l’autrice en a fait des armes. Des textes comme Port-au-Prince et sa douce nuit, véritable déclaration d’amour à sa ville et à son pays.
Ce sont dans des conditions difficiles que l’artiste-autrice continue d’exercer ses talents qui devraient la pousser à adapter son texte pour un long ou moyen métrage. Et elle nous en parle sans détour. Écoutez, découvrez une artiste intense, Gaëlle Bien-Aimé dans L’Oreille est hardie :
La plume et les planches
Bon sang ne saurait mentir et on ne saurait mettre de côté que Gaëlle est la fille du cinéaste haïtien Jean Gardy Bien-aimé. D’ailleurs, c’est le premier élément qu’elle livre dans son autoportrait qui ouvre le podcast L’Oreille est hardie.
Celle qui a découvert le théâtre et l’écriture très tôt dans son enfance, a quand même ressenti le besoin, en grandissant, d’être confortée dans son art et ses talents par ses pairs. Et de citer des autrices et auteurs comme Kettly Mars ou Guy Régis Jr qui l’ont fortement encouragée à continuer d’écrire pour le théâtre.
Une écriture de l’intimité
Plusieurs pièces déjà à son actif : Talon aiguille talon d'Achille, Que ton règne vienne, Tranzit, Aimer en stéréo ou encore le très beau Port-au-Prince et sa douce nuit. Un texte qui mêle dans les mots l’intimité d’un couple qui échange autour de leur amour et de leus sentiments, et le contexte de crise, d’agitation qui prend la ville dans laquelle ils évoluent.
Une sorte de huis clos émotionnel, une déclaration d’amour de Gaëlle Bien-Aimé à sa ville, à son pays chéris. Et pour lequel elle passera bientôt derrière la caméra pour sa première réalisation, poussée en cela par son amie Gessica Généus (réalisatrice du film Freda dans laquelle Gaëlle a tenu un rôle).
Écoutez L’Oreille est hardie
Et faites plus ample connaissance avec une femme à la fois déterminée et sensible. Solide dans ses convictions artistiques (elle enseigne aussi ce qu'elle sait à de jeunes comédiens.nes en formation) et politiques. Féministe convaincue à la tête d’une organisation fondée en 2015 (Négès Mawon), elle distille ce en quoi elle croit dans ses textes, dans ses prises de position et de parole. Au point d’avoir déjà directement été menacée, au point d’avoir envisagé l’exil, comme d’autres artistes avant elle.
Exil auquel elle n’arrive pas à se résoudre tant elle est attachée à sa ville, à sa terre. Autant de bouleversements et de situations émotionnellement compliquées qui nourrissent pour autant ses textes. Ce n’est pas là le moindre paradoxe qui agite cette artiste attachante, Gaëlle Bien-Aimé, à suivre absolument dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
"Tranzit" - à lire aux éditions Passage(s), "Aimer en stéréo", "Port-au-Prince et sa douce nuit" : quelques-unes des pièces de théâtre de Gaëlle Bien-Aimé.