Quand il était enfant, bien avant de savoir concocter récits et romans, Gary Victor s'était pris de passion pour un instrument de musique : le violon. Au point de désirer prendre des leçons et acquérir son propre instrument. Appelez ça frustration ou inspiration, toujours est-il que l’écrivain n’a jamais oublié cet épisode de sa vie ni les sentiments contradictoires que ce désir non assouvi lui a apportés.
D’où le postulat suivant : Gary Victor est à la fois un peu Adrien, héros titulaire de son dernier roman (Le violon d’Adrien, paru aux éditions Mémoire d’encrier)… et il ne l’est pas : tout au long les pages, Gary Victor prend bien soin de détacher son personnage de sa propre histoire et de sa personnalité.
Contrairement à son créateur, Adrien, rendu obsédé par l’idée de posséder à tout prix un violon, sera prêt à se compromettre et à compromettre ceux qui l’entourent : tout pour assouvir son dessein. Un roman plus sombre que ne le laisse deviner le style enlevé, entraînant et palpitant de Gary Victor. Écoutez-le parler de sa dernière production en date dans L’Oreille est hardie :
Au cœur de Port-au-Prince, Haïti
Et Gary Victor d’ancrer très profondément son histoire et ses personnages dans un décorum qui n’appartient qu’à Haïti. Le temps : les années 1980 au moment du règne implacable des Duvalier, père puis fils (ils ne sont jamais nommés mais impossible de s’y tromper).
S’ensuit un cortège des personnages marquant encore un peu plus, de sinistre mémoire, cette triste période : on croise des tontons macoutes, des collaborateurs zélés du régime, des conseillers, des résistants rebelles à la dictature, les pauvres des quartiers populaires, les riches des maisons cossues et du palais présidentiel...
Au cœur de l’enfance
Le jeune Adrien, douze ans, apprend ainsi durement la vie, circulant parmi une kyrielle de personnages empruntés au réel et à l'imaginaire collectif foisonnant d'Haïti. On suit pas à pas le garçon à la recherche du moindre sou qui lui permettra d’acquérir son violon. Un désir bien innocent, perverti par ceux qui voudront profiter de sa naïveté, consumé également par l'obsession grandissante d'Adrien, qui s'avèrera destructrice…
Écoutez L’Oreille est hardie…
…Et lisez Le violon d’Adrien pour découvrir cette histoire à hauteur d’enfant et d’enfance. "Une autofiction", aime à dire Gary Victor mais qui se lit comme un roman d’aventures, genre que l’auteur affectionnait tant, enfant. Gary Victor sait manier le verbe et l’imaginaire haïtien et entre onirisme et dure réalité, n’oublie pas dans ce roman d’en abreuver ses lecteurs.
On reste happé, du début à la fin, sans pouvoir lâcher le livre, en se demandant si le jeune héros parviendra à ses fins. Une réussite, donc.
Pour retrouver l’écrivain Gary Victor dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
"Le violon d’Adrien" de Gary Victor est publié aux éditions Mémoire d’encrier.
À réécouter : dans le précédent "L'Oreille est hardie", Gary Victor évoquait la situation en Haïti.