À l’heure où le Premier Ministre, Michel Barnier, s’apprête à constituer son futur gouvernement, ce dernier va devoir se saisir très rapidement des sujets épineux des Outre-mer. À commencer par celui de la Nouvelle-Calédonie, où les affrontements durent depuis le mois de mai. L’approbation par le Sénat et l’Assemblée nationale du texte sur le dégel du corps électoral a été l’élément déclencheur de cette situation. Dans ce territoire de l’océan Pacifique, deux personnes ont perdu la vie dans la nuit de mercredi à jeudi, dans des affrontements avec les forces de l’ordre à Saint-Louis dans Le Mont-Dore. "Deux morts, c’est toujours tragique, mais en même temps ça fait quatre mois aujourd’hui que la population du Mont-Dore dans le sud est prise en otage", réagit le député calédonien, Nicolas Metzdorf du groupe Ensemble pour la République.
L’opération de police qui a coûté la vie à ces deux hommes aspirait à interpeller plusieurs auteurs présumés de vols avec arme et de tirs sur des gendarmes. "Je dirai que ce qui s'est passé hier, c'est la tragédie de l’histoire coloniale dans notre pays. On ne peut pas se satisfaire d’une réponse répressive, à partir du moment où on commence à compter les morts, ce n’est jamais une bonne réponse pour la démocratie" prévient le député calédonien, Emmanuel Tjibaou du groupe gauche démocrate et républicaine. Mais pour Nicolas Metzdorf, ces actions sont légitimes si on veut un retour au calme sur l’île. "On ne tire pas sur les gendarmes et on ne prend pas une population en otage, sans s’exposer à être tué, c’est tragique, mais c’est la dure réalité des choses. Tant que les émeutiers du Mont-Dore ne se rendront pas à la justice, c’est ce qui arrivera, on le regrette évidemment, mais il ne faut pas oublier que les victimes sont les gens qui sont pris en otage pour les blocages depuis quatre mois" peste le député Nicolas Metzdorf. Dans un communiqué, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), l'alliance indépendantiste de l'archipel, a parlé de "génocide", un terme réfuté par le député. Depuis le début des émeutes au mois de mai, 19 personnes ont déjà perdu la vie dans les affrontements et des centaines ont été blessées.
les Outre-mer sont placés sur le ministère de l’Intérieur, donc la considération pour nos territoires n’est du ressort que de la sécurité et de l’ordre public et c’est là où on appelle à la raison
Emmanuel Tjibaou
Plongé dans le flou depuis plusieurs mois, le gouvernement se mue dans un silence, une situation que déplorent les deux députés. "Ok le gouvernement n’est pas constitué, mais je trouve que le silence envers la Calédonie est irrespectueux, notamment envers une population qui a choisi la France par trois fois" se désole Nicolas Metzdorf. "Le silence de l’état aujourd’hui, c’est le signe de leur considération pour notre pays et pour les Outre-mer en général" déclare Emmanuel Tjibaou
"Nous vivons dans un état sourd, muet et sans doute aveugle"
En Martinique, la situation est tout autre, mais les scènes de violence se répètent. Depuis plusieurs jours, des actions sont menées par le collectif RPPRAC contre la vie chère. On ne parle pas de mort sur l’île, mais la violence est bien présente et les affrontements avec les forces de l’ordre aussi. Pour tenter d’endiguer cette poussée de violence et stopper le vandalisme, un couvre-feu a été instauré dans certains quartiers de Fort-de-France de 21h à 5h du matin. "Malheureusement, à mon sens, le couvre-feu était normal, car il faut protéger les biens et les personnes. J’espère qu’il ne durera pas longtemps " confie le député martiniquais Jiovanny William. Pour ce dernier, la manifestation contre la vie chère est une cause juste, mais elle est rendue intolérable par les actes de vandalismes de ces derniers jours. "Il faut arrêter ces individus qui commettent ces exactions. Je fais la différence entre les manifestations contre la vie chère, car le combat est légitime, mais il en pâtit à cause de ces exactions" souligne le député du Nouveau Front Populaire.
Pour lui, l’État est aussi responsable de cette situation. "Pour moi, c'est la continuité, nous vivons dans un État sourd, muet et sans doute aveugle. Mais j’espère que cette fois, avec le Gouvernement à venir, ils nous regarderont avec des yeux".
Le nouveau Gouvernement qui sera nommé très prochainement devra vite se pencher sur ces dossiers, sans délaisser pour autant les autres territoires ultramarins.