Pourquoi les Outre-mer sont-elles entièrement à part ?

La France vient d’étendre son domaine maritime de près de 500.000 km2, au large des Outre-mer.
Hier, un collégien de 11 ans a été blessé par balle en Guadeloupe alors qu'il allait à la cantine. A Mayotte, les habitants souffrent depuis des mois d'une pénurie d'eau. Si ces évènements se déroulaient dans l'hexagone, ils seraient à la une des journaux... Pourquoi cette indifférence ?
Les Outre-mer font-elles vraiment parties de la France ? La question est politiquement incorrecte... Et pourtant, elle mérite d'être posée.

Des faits divers qui méritent des réponses

Prenons quatre infos de ces derniers jours : en Guadeloupe, mardi 13 mars, un collégien de 11 ans a été blessé par balles en pleine journée alors qu'il se rendait à la cantine (lire ici l'article de Guadeloupe 1ère).
C'est dans cette rue du Bourg de Capesterre Belle-Eau qu'a eu lieu l'agression.

A Mayotte, les habitants du sud du département souffrent depuis la mi-décembre d'une pénurie d'eau courante (article de Mayotte 1ère par ici).
©mayotte

En Guyane, département le plus criminogène de France, un "collectif" s'organise pour lutter contre la violence, avec des allures de milice : vêtues de noir, parfois cagoulées, 600 personnes ont défilé dans les rues de Cayenne et ont rencontré le préfet (article de Guyane 1ère par ici).

En Nouvelle-Calédonie, depuis des mois, des violences graves se produisent autour de la tribu de Saint-Louis, entrainant le blocage d'un axe routier essentiel à la circulation de centaines d'habitants (explications dans cet article).
©la1ere


Et pourtant...

Si ces évènements survenaient en France hexagonale, ils feraient la une de l'actualité. Mieux, en cette période électorale, les candidats à la présidentielle seraient amenés à réagir, à condamner, à émettre des propositions concrètes. Certains viendraient sur place dire leur indignation et assurer les habitants qu'une fois élus, ils agiraient pour que ces dysfonctionnements cessent.

Mais cela se passe dans les Outre-mer. Dés lors, ces infos deviennent périphériques... Et même "ultra-périphériques", à l'image du terme officiel accolé aux régions d'Outre-mer au niveau européen.  

Les images d'Epinal

Certes, les Outre-mer émergent parfois dans l'actualité nationale. Ainsi, les catastrophes naturelles intéressent les médias nationaux : un cyclone qui passe, une attaque mortelle de requin, un volcan en éruption, une épidémie de Chikungunya ou de Zika, le voyage d'un candidat à la présidentielle... Mais le quotidien des 2,7 millions d'habitants des Outre-mer, lorsqu'il est raconté par les télés, radios ou la presse écrite de l'hexagone, l'est très souvent sous un aspect "exotique". 

Loi de la proximité ?

Comment expliquer cette différence de traitement ? Il y a d'abord le "réflexe journalistique", la fameuse loi de la proximité : un accident de la circulation qui se déroule au coin de votre rue vous intéresse généralement davantage qu'un séisme meurtrier à l'autre bout du monde. Ce n'est pas forcément politiquement correct, mais c'est bien souvent la réalité. "Loin des yeux, loin du coeur", dit le proverbe.

Il y a aussi les réflexes des politiques qui n'évoquent la plupart du temps les Outre-mer que lorsqu'ils s'y déplacent. Un traitement spécifique et ciblé qui finit par avoir des effets pervers : l'Outre-mer c'est loin, c'est différent...  

Au final, en 2017, la formule d'Aimé Césaire reste plus que jamais d'actualité :

Les Antillais ne savent pas s'ils sont des Français à part entière, mais ils savent qu'ils sont des français entièrement à part".