Procès du rappeur Kalash : le délibéré attendu pour le 26 juin

Le rappeur Kalash avec son avocat Maître Arneton avant son audience au tribunal correctionnel de Paris.
Quatre ans après son interpellation dans la capitale, le chanteur martiniquais a été jugé ce mardi 23 mai pour outrage, rébellion et délit de fuite. Il risque 15 mois d'emprisonnement avec sursis ainsi que deux années de probation et une amende de 15 000 euros.

Lunettes noires sur le nez et démarche affirmée. Le sourire aux lèvres, l’arrivée du rappeur Kalash ne passe pas inaperçue dans la salle d’audience du tribunal de Paris. À ses côtés, son avocat Maître Arneton et un ami arborent la même sérénité. Pourtant, le rappeur martiniquais comparaît aujourd’hui en correctionnelle pour outrage à agents, rébellion et délit de fuite, après avoir embouti trois voitures dans la nuit du 16 au 17 mars 2019 sur les Champs-Élysées.

Après plus de cinq heures de procès, la procureure a requis 15 mois de prison avec sursis suivis de deux années de probation. Elle demande une annulation du permis de conduire du chanteur avec l'interdiction de le repasser pendant trois ans et la confiscation de son véhicule actuel. Enfin, une obligation d'indemnisation des victimes et d'une obligation de soins ont été requis.

L'avocat de l'artiste a quant à lui demandé la relaxe pour les blessures involontaires provoquées par les accidents de voiture. Il conteste également le délit de fuite et les outrages attribués à Kalash.

"J'essayais de me débattre"

Après de multiples reports, Kevin Valleray alias Kalash, s'est présenté à la barre vêtu de noir et sûr de lui. Lorsqu'on l'interroge sur sa version, l'artiste ne nie pas les faits, il évoque des "accrochages parechoc contre parechoc" sur l'avenue des Champs-Élysée.

En revanche, Kalash dénonce des violences policières qui se seraient déroulées après son interpellation, dans la voiture de police : "Un policier est entré dans le véhicule, m'a mis un coup de poing et deux doigts dans la gorge. J'ai eu le nez cassé et deux dents de tombées. J'essayais de me débattre", relate-t-il devant la cour. Une enquête classée sans suite avait été menée par l'IGPN -la police des polices- sur le comportement des policiers avec le rappeur.

Je ne dis pas que j'ai eu un comportement exemplaire, mais les gens [la police, ndlr] m'insultaient, alors je répondais par des insultes.

Kalash

Pour ce qui est des accidents, le chanteur reconnaît tout de même n'avoir "pas fait attention" et qu'il devait "prendre sa part [de responsabilité, ndlr]". "Vous aviez bu Monsieur !" assène la juge en charge de l'affaire. "J'avais toute ma tête, j'ai bu un gobelet de champagne" rétorque Kalash.

Le ton monte lors du visionnage des vidéos qui incrimine le chanteur martiniquais. "Ce gros lâche !", balance-t-il deux fois devant les magistrats en parlant de l'un des policiers qui l'aurait offensé. Rappelé à l'ordre par la juge, Kévin Valleray finit par garder le silence.

Une version contestée par les policiers

Du côté des deux policiers présents au procès, l'interpellation du chanteur est présenté comme un "cas d'école". "Malgré les vidéos, on a fait un excellent travail, une interpellation propre" commente la policière. Pour les forces de l'ordre, aucun doute sur l'ivresse du chanteur martiniquais, qui avait une "haleine qui sentait l'alcool" et qui n'était "pas calme", selon l'autre policier. "On doit faire usage de la force nécessaire parce qu'il ne veut pas entrer dans la voiture", détaille le même policier.

Ça a peut-être dégénéré parce que les gens filmaient. Se faire plaquer sur le véhicule, je comprends que ça ait pu l’énerver.

Policière

Des policiers qui gardent le silence lors du contre-interrogatoire mené par l'avocat de Kalash, lorsqu'il évoque le témoignage contradictoire de l'un de leur collègue.

"Je suis confiant"

Le chanteur caribéen de 34 ans n'exprime aucun regrets pour les victimes des accidents, qui ont eu de deux à trois jours d'interruption temporaire de travail. "Ma vie est bien remplie, la vie est passée. Ça ne m'empêche pas de dormir", pose Kalash. À la fin de son audience, il manifeste un seul remord, celui d'avoir "pris le volant avec de l'alcool et d'occasionner les accrochages".

Néanmoins, l'auteur de "Tombolo" et de "Laptop" se dit "confiant" pour la décision de justice à venir. "J'avais surtout envie que le tribunal m'entende et j'en avais besoin depuis quatre ans. Je vais laisser le temps faire la suite", a réagi Kalash à la sortie de l'audience. 

Réponse le 26 juin prochain.