Projet de loi pouvoir d'achat : la grande colère des élus ultramarins

L'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Cette semaine les députés débattent sur le nouveau projet de loi "portant mesure d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat". L’examen du projet a été marqué par la grosse colère des députés ultramarins. Rencontrés aujourd’hui, ils ne décolèrent pas et dénoncent l’absence de mesures spécifiques pour les Outre-mer.

Le ministre de l’économie, Bruno Lemaire, lors d’un point presse le 7 juillet dernier affirmait qu’il y aurait des mesures spécifiques pour les Outre-mer. “Faux !” rétorquent les députés de l’opposition. 

C’est dans ce sens que les députés de la Nupes, ont déposé un amendement lundi 18 juillet “afin de tenir compte des coûts réels de la vie sur les différents territoires ultramarins que les contraintes géographiques impactent au quotidien”, interpellait hier dans l’hémicycle Arthur Delaporte, élu du Calvados. L’élu PS, relayait l’amendement du Réunionnais Philippe Naillet. Charlotte Parmentier-Lecocq, rapporteure de la loi rétorque : “Cela entraînerait une rupture d’égalité”.

Mécontentement chez les élus ultramarins

Cette justification lors de la première soirée des débats suscite la colère de nombreux élus ultramarins rencontrés aujourd’hui à l’Assemblée nationale. “Je n’ai pas eu de réponse satisfaisante de la part de la majorité présidentielle. Il faut des ajustements profonds. Le gouvernement crée de profondes inégalités avec ce projet de loi”, exprime l’élu du Calvados à Outre-mer la 1ère dans la salle des quatre colonnes avant les questions au gouvernement. “S’il n’y a pas de vraie volonté de prendre en compte nos territoires ça va être de plus en plus compliqué. (...) Dans les faits, dans ce texte, il n’y a rien. On ne prend pas en compte nos réalités”, répond Davy Rimane, élu guyanais de la Nupes.

La Réunionnaise Karine Lebon confirme : “Nous, les inégalités, on les vit tous les jours. Lorsqu’un enfant sur deux naît dans un ménage pauvre, j’attends et j’espère une prise de conscience de la part du gouvernement. (...) Nous ne servirons pas de caution à quelqu’un qui ne s’intéresse pas à nous. Être née là-bas, c’est comme dire : je ne suis pas raciste, j’ai un ami noir”."

Irritation partagée également par Moetai Brotherson, député de Polynésie française : "Dans le projet de loi, il n'y a rien sur les Outre-mer, à croire qu'on existe que pour bomber le torse lorsqu'il faut montrer que l'on est la deuxième puissance maritime mondiale. Quand il s'agit de chlordécone ou de faire les tests nucléaires, il n'y a pas de problèmes. Ne pas nous intégrer dans un projet de loi, c'est insupportable."

La rapporteure macroniste se défend en expliquant son “attachement particulier à l'Outre-mer. Je suis née en Guadeloupe", s'est défendue Charlotte Parmentier-Lecoq, "et ce texte ne fait qu'apporter et pérenniser des solutions pour le pouvoir d'achat et il concerne aussi nos concitoyens ultramarins."

Le taux de l’inflation en Outre-mer absent

Parmi les mesures énoncées dans ce projet de loi, le gouvernement promet notamment un chèque alimentaire de 100 euros et 50 euros supplémentaires par enfant, mais aussi de revaloriser de 4% - et de façon anticipée - les pensions de retraite et les prestations sociales, d'augmenter de 3,5% le traitement des agents publics. Pour les étudiants, les bourses sur critères sociaux seront revalorisées de 4% et le ticket de restaurant universitaire à 1 euro prolongé durant toute l'année 2022-2023. Une aide exceptionnelle de rentrée de 100 euros sera versée aux boursiers et aux étudiants bénéficiaires des APL.

Les débats se poursuivent jusqu’à jeudi et pourraient durer encore toute la semaine. Le gouvernement n’ayant pas de majorité absolue devra faire des compromis pour valider son projet de loi. Avec un nouvel obstacle, la colère des députés ultramarins.