Le centre-ville de Montreuil-Juigné, petit bourg du Maine-et-Loire situé à une dizaine de kilomètres au nord d'Angers, est sous tension ce mardi matin. Sur place, un journaliste de l'AFP raconte que les gendarmes contrôlent les véhicules, scrutant attentivement les coffres. Sur son compte Twitter, le maire de la ville, Benoît Cochet, fait régulièrement un point sur la situation. "Les recherches se poursuivent. La gendarmerie est présente sur toute la ville. (...) Un doute, appelez le 17", a-t-il tweeté brièvement à 7h du matin. Cette agitation est inhabituelle pour cette région rurale de l'Hexagone. Mais elle est compréhensive. Car depuis plusieurs jours, un homme soupçonné d'avoir tué deux personnes et agressé une autre dans les alentours rôde. "Il doit être interpellé avant un autre drame", a averti le procureur de la République Eric Bouillard lundi soir.
Mais qui est donc cet individu tant recherché par la police et la gendarmerie d'Angers et de sa région ? Toute l'attention des autorités se porte sur un homme grand, costaud, métis. Âgé de 42 ans et né à La Réunion - à Saint-André, précise Le Figaro -, il est décrit comme un individu "dangereux" par les autorités, qui ont diffusé sa photo dans un avis de recherche lundi en fin de journée.
"C'est épouvantable"
Avant de se retrouver pris en chasse par les autorités, le quadragénaire était incarcéré à la prison d'Argentan, dans l'Orne. Il y a quelques jours, il avait obtenu la permission de sortir pour aller se procurer des documents administratifs, raconte France Bleu Mayenne. Le 20 juin, il prend alors un train, direction Angers. Mais sa permission se transforme vite en évasion. Et les pulsions meurtrières du Réunionnais ressurgissent.
Le 22 juin, à Angers, une femme de 40 ans est retrouvée morte dans son appartement. Selon Le Figaro, il s'agirait de l'ex-compagne d'un de ses codétenus. Une dizaine de jours plus tard, une autre mort suspecte vient chambouler les habitants de cette région à l'ouest de l'Hexagone : un ancien élu, Jean-Claude H., âgé de 72 ans, a été assassiné chez lui, à Chailland (Mayenne), le dimanche 2 juillet. Sa voiture a été volée. "C’est épouvantable ce qui vient de se passer. Absolument dramatique. D’une violence inouïe. Tout le monde est abattu, écœuré", réagit l'ancien maire du village, cité par nos confrères de Ouest-France. Et ce n'est pas tout. Le journal local indique que, quelques jours plus tôt, une femme enceinte s'est faite agresser dans ce même village. "On a une hypothèse que tous ces faits sont liés", indiquait Eric Bouillard lundi soir, lors d'une conférence de presse.
Depuis quinze jours, un meurtrier est donc dans la nature, introuvable. Le Figaro, qui a interrogé des sources pénitentiaires, retrace le parcours chaotique de ce Réunionnais qui "a grandi dans un cadre violent avec un père peu présent, et a semblé répéter ce cadre anxiogène dans ses relations", écrit le journal. Il y a quelques années, l'homme avait poignardé sa compagne, ce qui lui a valu un séjour en prison en région parisienne. Plus tard, il a agressé au marteau une surveillante pénitentiaire, avec qui il entretenait une relation. Il a tenté de s'échapper après avoir étranglé la belle-mère de celle-ci (il purgeait une peine dans un centre de semi-liberté, qui lui permettait de sortir). Mais il a vite été rattrapé. C'est pour ces attaques qu'il était de nouveau incarcéré dans la prison d'Argentan, d'où il a pris la fuite lors de sa permission.
Des dizaines de gendarmes et de policiers sont depuis à sa recherche, dans une zone qui s'étend au nord d'Angers. En attendant qu'il soit retrouvé, certains habitants préfèrent se calfeutrer chez eux, rapporte Ouest-France.